Annonce n Cette prorogation de la mesure d'exception s'impose au vu de la situation sécuritaire intérieure du pays et celle prévalant à la frontière libyenne. «Après avoir consulté le chef du gouvernement et le président de l'Assemblée des représentants du peuple sur les questions en lien avec la sécurité nationale, surtout la situation aux frontières et dans la région, le président de la République a décidé de prolonger l'état d'urgence d'un mois à partir du 22 février 2016», a annoncé la Présidence dans un communiqué sur sa page officielle sur Facebook. Béji Caïd Essebsi avait proclamé l'état d'urgence en novembre dernier, dans la foulée de l'attaque du bus de la garde présidentielle, qui avait alors fait douze morts. Cette mesure, qui concerne l'ensemble du territoire tunisien, est régulièrement appliquée dans le cadre de la lutte antiterroriste. Si le couvre-feu a été rapidement levé, l'état d'urgence a lui été prolongé en décembre dernier, de deux mois, jusqu'au 21 février. L'état d'urgence accorde des pouvoirs d'exception aux forces de l'ordre. Il permet par exemple de restreindre la circulation des personnes. Il peut également interdire les grèves et les réunions susceptibles de provoquer le désordre ou encore de «prendre toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature». Une mesure d'exception donc, mais qui n'a finalement plus rien d'exceptionnel dans le pays. Depuis la révolution de 2011, la Tunisie a déjà vécu plus de trois ans et demi sous état d'urgence. La Tunisie a été frappée en 2015 par trois attentats majeurs revendiqués par l'EI. Outre l'attentat contre les agents de la garde présidentielle, 59 touristes et un policier ont été tués en mars dans une attaque au musée du Bardo et dans un attentat en juin sur une plage et dans un hôtel près de Sousse (est). L'état d'urgence permet notamment aux autorités d'interdire les grèves et les réunions «de nature à provoquer ou entretenir le désordre», de fermer provisoirement «salles de spectacle et débits de boissons» ainsi que de «prendre toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature». Début octobre, la Tunisie avait levé l'état d'urgence imposé quelques jours après l'attentat de Sousse qui avait fait 38 morts, tous des touristes étrangers, le 26 juin. Les Tunisiens ont déjà vécu plus de trois ans sous état d'urgence, du 14 janvier 2011, quelques heures avant la fuite du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali, à mars 2014. La Tunisie fait face depuis sa révolution en 2011 à un essor de la mouvance djihadiste et des milliers de Tunisiens se trouvent en Irak, en Syrie et en Libye dans les rangs de groupes extrémistes. D'après les autorités, les auteurs des attaques du Bardo et de Sousse ont été formés au maniement des armes en Libye. Vendredi dernier, des avions de combat américains ont mené un raid contre un camp d'entraînement de l'EI en Libye. Selon un responsable libyen, la plupart des 49 personnes tuées étaient «arrivées il y a un mois de Tunis, ou peut-être moins».