La Tunisie tente de sortir de l'état de choc après l'attentat sanglant de Sousse qui a tué 38 touristes. Se voulant rassurant l'Etat a pris plusieurs décisions afin de protéger le pays et son économie. Le président Béji Caïd Essebsi a décrété l'état d'urgence en raison dira-t-il des «dangers menaçant le pays», huit jours après l'attentat. Cependant les autorités ont, pour la première fois, reconnu des défaillances sécuritaires, considérées comme inacceptables notamment après l'attentat qui a visé le musée du bardo à Tunis. Le Premier ministre Habib Essid a reconnu que la police avait été trop lente lors de l'attentat, premier aveu officiel. Suite à ça le gouverneur de Sousse a été limogé ainsi que plusieurs responsables de la police, à Kairouan. Huit personnes, dont une femme, ont été arrêtées dans l'enquête sur l'attentat. «Le pays est en guerre d'un genre spécial», a affirmé le Président tunisien. «Si les évènements de Sousse se répètent, l'Etat va s'effondrer», ajoutera-t-il. Une affirmation symptomatique de la situation dans laquelle se trouve ce pays voisin de la Libye. Le 26 juin près de Sousse, un Tunisien de 23 ans a ouvert le feu sur des touristes sur une plage et au bord des piscines d'un hôtel de Port El Kantaoui. Pas moins de 38 personnes ont été tuées dans cette attaque revendiquée, comme celle qui a tué 21 touristes et un policier tunisien le 18 mars au musée du Bardo à Tunis, par le groupe Daech. Parmi les victimes figurent 30 Britanniques. Londres a annoncé qu'un mémorial permanent allait être édifié pour rendre hommage à ses compatriotes tués à Sousse, lors de cette attaque considérée comme la plus meurtrière pour des Britanniques depuis les attentats Londres en 2005. Depuis la révolution du jasmin il y a quatre ans, la Tunisie fait face à une progression de la mouvance djihadiste, déjà responsable de la mort de dizaines de policiers et de militaires. Les Tunisiens ont vécu plus de trois ans d'état d'urgence, instauré en janvier 2011, juste avant la fuite du président Ben Ali dans la foulée du soulèvement précurseur de ce qu'on allait appeler «le Printemps arabe». L'état d'urgence avait été sans cesse renouvelé avant d'être levé en mars 2014. Cet état d'exception accorde des pouvoirs particuliers aux forces de l'ordre. Les autorités peuvent même interdire les grèves et les réunions. Ce qui n'est pas sans provoquer certaines réticences. L'annonce de l'état d'urgence a suscité des interrogations. Le Président a promptement assuré qu'il n'y aurait pas de recul sur les libertés chèrement acquises grâce à la révolution. Mais à circonstances exceptionnelles décision exceptionnelles semble répondre l'Etat. Après l'attentat de Port El Kantaoui, la Tunisie a annoncé la mise en place d'un «plan» pour sécuriser davantage les sites touristiques. Mais sur le terrain l'efficacité n'est pas encore de mise. Le jour de son entrée en vigueur, le ministre de l'Intérieur a lui-même constaté des carences à Hammamet, grande station balnéaire au sud de Tunis. M. B./Agences