Mais ces penseurs ne s'arrêtent pas là, ils vont plus loin. Ils parachèvent leur argumentaire concernant la «révolte» des jeunes musulmans de banlieue qui choisissent de faire le djihad en Syrie par un point d'histoire assez récente dont leurs parents ou arrière-parents portent les stigmates. La colonisation de leur ancienne patrie, l'Algérie, la Tunisie ou le Maroc. Ils n'oublient pas que ces occupations d'un autre âge ne se sont pas faites sans violence : déportations, emprisonnement, dépossession des peuples d'Afrique du Nord, qui ont été appauvris et dépouillés de leurs biens en plus d'être déculturés. Des tribus entières on été enfumées dans des grottes du Dahara, sur le littoral algérien, des centaines de révolutionnaires ont été torturés par l'armée française et envoyés au bagne sur un caillou du Pacifique, en Nouvelle-Calédonie. D'autres, plus tard, rempliront le bagne de Cayenne, en Guyane. L'Emir Abdelkader a été contraint à l'exil et Cheikh Bouamama a été inhumé hors de son pays, près d'Oujda. Le sultan du Maroc a été détrôné et remplacé par un caïd, un certain glaoui. Il vivra en exil avec ses enfants à Madagascar, loin de son Maroc natal. Bourguiba ne trouvera son salut qu'en empruntant une barque pour fuir vers Malte. Le Liban sera occupé par les Français et l'Egypte par les Anglais.