Irrigation n Les foggaras, un système ancestral d'adduction d'eau potable et d'irrigation dans le Sud, constituent une invention exceptionnelle témoignant du génie local pour la valorisation et l'exploitation rationnelle de l'eau… C'est ce qu'ont affirmé, hier mardi, des experts à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau. Des enveloppes financières jugées conséquentes ont été octroyées par différents programmes de développement pour la préservation de cet ingénieux système d'irrigation traditionnel. Cela a permis de maintenir à Adrar quelque 736 foggaras opérationnelles, sur un total de 820 systèmes, selon les statistiques de la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya. Ces systèmes hydrauliques, uniques au monde, sont disponibles surtout dans les régions du Touat (Adrar), Gourara (Timimoune) et de Tidikelt (In Salah), permettant de développer une agriculture oasienne et d'étendre les surfaces cultivables. Les financements ont largement contribué à l'entretien, la restauration, la réhabilitation et à la préservation du réseau des foggaras, source unique en son genre, et leur renforcement par des forages profonds à même d'accroître leur débit et garantir leur pérennité, en tant que legs socioculturel de répartition judicieuse des eaux dans le sud du pays. Le jaillissement de l'eau et les systèmes d'adduction à travers les foggaras révèlent un système ingénieux créé par les anciens pour garantir une répartition de l'eau de manière rationnelle et équitable entre les palmeraies des ksour de la région. Le président de l'association de «Restauration et préservation des foggaras» Moulay Abdallah Smaili, a, dans ses études sur la foggara, présenté ce système d'irrigation traditionnel comme permettant le captage et l'écoulement de l'eau souterraine par des canalisations, longues de plusieurs kilomètres, devant assurer, à travers des galeries, l'adduction de l'eau jusqu'à des seuils superficiels où sont dressés des petits puits connus localement sous l'appellation de «Aghousserou», avant de la canaliser en surface vers les palmeraies. Une fois mobilisée, l'eau est collectée à un endroit appelé «El-Kesri», entouré de départs de canaux constituant des unités de mesures et d'estimation adoptées par les propriétaires de foggaras, sur la base d'une répartition équitable faite par les «Keyel» (mesureurs), experts en calculs de débits des eaux de foggaras vers les palmeraies. La mesure ou le partage de l'eau s'effectue à l'aide d'un instrument de conception traditionnelle dit «El-Hellafa», unité métallique contenant des alvéoles de différents calibres, et de l'unité de mesure de la quantité d'eau appelée «El-Hebba» (graine), en plus du recours à l'usage d'autres unités intégrées dans la répartition et la distribution de l'eau, soigneusement archivées dans un glossaire connu sous le nom du «Zmem» (Livre), confié à un notable et répertoriant les différentes opérations de partage, de mesures et de quantités d'eau accordées aux parties concernées.