Kouba Une substitution de personnes et c?est le drame. Salima n?était pas belle, contrairement à sa s?ur. Entre elles, un homme, Mourad? Salima correspondait depuis des années avec Mourad. Un jour, il lui envoya sa photo et lui demanda la sienne. Salima envoya la photo de sa s?ur Zineb. Il faut dire que Salima avait peur de perdre son correspondant ; sa seule joie, c'était de voir le facteur lui apporter une lettre de Mourad. Salima regardait longuement la photo de son correspondant, qu?elle aimait déjà sans l?avoir vu. Mourad était beau, intelligent, avait un c?ur en or? le mari idéal. Mais voilà : Salima est loin de répondre à l?idéal féminin. Elle a un physique banal, pour ne pas dire ingrat ; en revanche, sa s?ur Zineb est belle. Quand Mourad lui écrit : «Ta photo reflète mes rêves, je t?aime ma chérie. J?arrive pour te demander en mariage !», elle prend peur. «Il est tombé amoureux de ma photo !», lui lança sa s?ur, tout heureuse. Salima la regarde d?un air un peu perdu, puis se dit : «Pourquoi pas ? Je préfère l?avoir comme beau-frère que comme étranger !» C?est comme cela que Zineb se présenta à Mourad comme étant sa correspondante. Mourad fut facilement piégé. A peine quelques jours après le mariage, il eut des soupçons qu?il s?efforça d?ignorer. Il ne fut jamais heureux avec sa femme malgré la naissance de trois enfants adorables que sa belle-s?ur Salima élevait. D?ailleurs, sa femme passe son temps dehors ; elle le trompe avec Toufik, un célibataire de 35 ans qui devient son amant. Ces révélations sidèrent Mourad, qui s?empresse de déposer plainte contre sa femme et son amant pour adultère. Ils sont écroués tous les deux. Cependant, Mourad souffre : «Jamais l?idée de cette trahison ne m?a effleuré l?esprit.» Sa santé finit par en prendre un coup ; il devient diabétique. Cette nuit-là, allongé sur un lit d?hôpital, il voit la mort venir ; il est calme et résigné. Salima, assise près de lui, essuie la sueur qui perle sur son front pâle et creusé de profondes rides malgré la quarantaine à peine entamée. «Salima, je vais partir dans un autre monde, ne crois-tu pas qu?il est temps que tu me dises la vérité ?» «Quelle vérité ?» répondit Salima d?une voix blanche. Elle n?avait jamais cessé de l?aimer, toutes ces années, à vivre en silence dans sa maison, s?occupant de ses enfants en rêvant qu?ils sont les siens, effaçant les bêtises de sa s?ur? Cela lui a fait supporter son long célibat. «Je sais que c?est toi qui m?as écrit ces lettres? C?est toi que j?ai aimée? C?est ta s?ur que tu m?as refilée, je ne sais pas si j'aurai le courage de te pardonner avant de mourir? ? Regarde-moi, aurais-tu aimé ce visage ingrat ? ? J?avais déjà aimé comme un fou ta beauté intérieure? Salima, chérie !» Salima ferma les yeux, elle pleurait. Les regrets, les espoirs, la mort qui menaçait?, tout incendiait son c?ur déchiré. Le procès se déroule le 21 septembre 2004 devant le tribunal d?Alger. A la barre, les amants nient encore et toujours l?accusation de Mourad contre eux. Formel, celui-ci réplique que les preuves en sa possession et au niveau de la justice ne risquent de tromper personne. Dans sa déposition, il affirme qu?aucun homme au monde ne s?amuserait à humilier sa femme et à nuire à sa propre réputation. «Heureusement que je n?ai pas commis le pire en apprenant les terribles faits de cet adultère. Je me suis confié à Dieu et à la justice de trancher et de me rendre mes droits de mari déshonoré et trahi !» L?avocat général requiert 3 ans à l?encontre des prévenus. Le juge prononcera une peine d?une année pour chacun.