Débat n La question de la politique éditoriale du livre à l'Anep a été abordée, jeudi, par Mohamed Balhi, lors d'une rencontre à la librairie Chaïb-Dzaïr. D'entrée en matière, le conférencier, consultant à l'Anep, journaliste-écrivain, auteur de nombreux ouvrages, a constaté que les jeunes lisent très peu, tout en en précisant que cela n'est pas propre à l'Algérie, mais qu'il s'agit d'un phénomène mondial. «Pour remédier à cet état de fait, l'Anep a adopté une politique éditoriale qui vise à attirer le jeune lectorat en dotant les librairies des nouvelles technologies», a déclaré l'orateur qui, dans ce contexte, a indiqué que l'Anep entend s'investir pleinement dans ce domaine-là. Il s'agit là donc de la nouvelle vision du livre optée par l'Anep. Le recours aux nouvelles technologies - livre électronique, à savoir «e-book», les réseaux sociaux, les sites web» - devient quelque chose d'impératif pour relancer la lecture auprès des jeunes et promouvoir en conséquence le livre à travers tout le pays. Mohamed Balhi a indiqué, en outre, que cette nouvelle stratégie éditoriale de l'Anep se fera en partenariat avec des institutions telles qu'Algérie Télécom. Dans ce contexte, l'Anep prévoit de créer une application sur le Net, appelée «e-Book», de manière à donner au livre plus de visibilité, d'accessibilité et d'efficacité. Par ailleurs, Mohamed Balhi a abordé l'autre front sur lequel l'Anep s'est engagée, à savoir la promotion du livre d'histoire. A ce propos, le conférencier, pour qui il est temps de nous nous réapproprier notre histoire, a déclaré : «Il n'est pas admissible de laisser aux maisons d'édition françaises, dont certaines - La Découverte de François Gèze - proches des officiers de l'armée coloniale détiennent le monopole de l'histoire de la guerre de Libération nationale.» Et de poursuivre : «Quand on voit le nombre de livres édités sur ce qu'ils appellent eux La Guerre d'Algérie par les sous officiers de l'armée française, Bigeard en tête, il y a de quoi penser et commencer à réagir en soutenant une édition nationale comprenant non pas seulement l'Anep, mais l'ensemble des éditeurs algériens.» Mohamed Balhi a, en outre, rappelé que «le rôle de l'Anep est d'aider à écrire l'histoire de la Révolution en impliquant et les historiens et tous ceux qui ont pris part au combat libérateur». Quant à l'histoire ancienne, le conférencier a appelé à la «réappropriation» des symboles de l'Algérie, tels que Massinissa, Youghourta... «dans l'espoir de «faire obstacle à l'histoire fabriquée dont les versions sont répandues, en Occident notamment». Ainsi, prêtant une attention particulière à l'histoire de l'Algérie et à son patrimoine séculaire, les éditions - et là, c'est un de ses autres objectifs - s'emploient à éditer (ou rééditer) tous les ouvrages - écrits aussi bien par les auteurs et historiens algériens que par les étrangers - en relation avec notre mémoire historique et notre legs patrimonial. L'histoire continue d'avoir la part belle dans les nouvelles publications de l'Anep.Par ailleurs, Mohamed Balhi a indiqué que l'approche de l'Anep vise également à «mettre le paquet sur le patrimoine religieux algérien». Il a mis l'accent sur l'importance que revêt une interprétation pertinente des textes religieux. Enfin, ce dernier a axé sur la volonté de l'Anep de promouvoir toutes les œuvres sur la langue et la culture amazighes. Elle compte également développer la traduction, y compris celle en tamazight. Yacine Idjer l L'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep) s'impose une politique nouvelle dans le domaine de l'édition. Elle s'impose une nouvelle stratégie, et ce, afin de se débarrasser de cette image de simple «distributeur de publicité». Le livre, elle en fait désormais l'une de ses priorités. Ainsi, l'édition sera mise en valeur. Elle s'inscrit dans une démarche qui traduit sa détermination de reconquérir sa place dans le paysage éditorial, et sa volonté de se constituer en une passerelle entre l'auteur et le lecteur. Et ce trait d'union transparaît dans l'ouverture par l'Anep de la librairie Chaïb-Dzaïr et, toujours par l'Anep, la création prochaine d'un réseau de librairies professionnelles - 48 librairies dans les 48 wilayas. A travers ce réseau de librairies qui va être mis en place, l'Anep mise sur la proximité, donc sur le rapprochement. La politique éditoriale de l'Anep consiste à faire plus d'ouverture. En clair, elle s'ouvre à la littérature algérienne dans toute sa diversité, c'est-à-dire dans les trois langues : arabe, tamazight et français. En plus, elle va s'ouvrir aux jeunes auteurs, en leur accordant une place dans le paysage éditorial algérien. Et du coup être à l'écoute, attentive à la création littéraire. Car l'Anep croit en «la nécessité d'encourager toute création littéraire susceptible de marquer de son empreinte la scène culturelle algérienne et de combler la faille qui sépare la génération passée et celle présente». Celle qui continue à mettre en place de nouveaux projets et à les accompagner, l'Anep travaille à renforcer la branche de l'édition, notamment du point de vue de la qualité du produit livresque, qui devient l'autre axe prioritaire. Ainsi, ayant un fonds éditorial conséquent et aspirant à produire plus et mieux, cette dernière, aidée par un équipement de fabrication de pointe, une longue tradition dans le domaine de l'édition, donc un savoir-faire certain, tient à réaliser des ouvrages de qualité. Y. I.