Isolement Le leader palestinien est bloqué dans son QG depuis quatre ans, confronté aux menaces israéliennes et pressé d'appliquer des réformes. Yasser Arafat traverse, quatre ans après le début de l'Intifada, une des plus sombres périodes de sa vie. Il est l?otage des Israéliens dans son propre QG. Israël l'accuse de laisser faire, voire d'encourager les groupes armés auteurs des attaques anti-israéliennes. Elle refuse de lui rendre sa liberté de mouvement, et le menace même du pire. Jadis habitué à sillonner le globe pour plaider la cause palestinienne, Arafat, aujourd'hui âgé de 75 ans, n'a pratiquement plus quitté la Mouqataa, son quartier général en ruines, à Ramallah, depuis décembre 2001. En septembre 2003, le cabinet de sécurité israélien a pris la décision de principe de se «débarrasser» du chef de l'OLP et le Premier ministre Ariel Sharon menace régulièrement depuis de s'en prendre à lui physiquement. Après chaque attaque palestinienne contre des objectifs israéliens, et chaque offensive israélienne, il voit se resserrer sur lui l'étau. Pour sa part, Arafat affirme que les menaces israéliennes ne lui font pas peur, répétant qu'il préfère mourir en «martyr» plutôt que de se plier à la volonté d'Israël. «Le président Arafat pense que quoi qu'il fasse, la position israélienne à son égard ne changera pas», affirme le député Moufid Abed Rabbo, du mouvement Fatah. «Sa seule stratégie consiste à afficher une attitude de défi, même face aux menaces de mort israéliennes», ajoute-t-il. Mais le coup le plus dur encaissé par Arafat est venu de Washington, qui a «lâché» le président de l'Autorité palestinienne, en tentant de le marginaliser. Jeudi, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, est revenu à la charge en demandant à Arafat de céder à son Premier ministre Ahmad Qorei le contrôle des services de sécurité, affirmant que l'avenir des efforts de paix internationaux en dépendait. Mais Arafat, en dépit de ses promesses répétées, n'a jamais réellement cédé. Par ailleurs, Arafat est confronté à une crise interne au sein de l?Autorité palestinienne qui est rongée par la corruption. Il a, lui-même, reconnu que des erreurs et des abus de pouvoir avaient été commis par des responsables de l'Autorité palestinienne. Cependant, il reste, aux yeux des siens, le symbole de la lutte palestinienne pour l'indépendance et il est donné largement favori dans les sondages pour être réélu à la tête de l'Autorité palestinienne lors des élections prévues au printemps.