L'armée israélienne, qui assiège, toujours, le QG du président Arafat, continuait, hier, à se déployer dans les territoires palestiniens. C'est à une vaste entreprise de réoccupation de villes et territoires autonomes palestiniens que se livre, depuis vendredi, l'armée israélienne. C'est ainsi que le secrétaire général du gouvernement israélien, Gidon Saar, a déclaré, hier, que «les opérations de grande envergure lancées par l'armée se poursuivraient pendant un bon moment contre les centres «terroristes» actifs dans les territoires palestiniens» indiquant: «Pour mener à bien ces opérations, nous avons lancé un ordre de mobilisation des réservistes qui est actuellement appliqué.» Les Israéliens, qui ont choisi la guerre font donc peu cas de la résolution (1402, votée, hier par le Conseil de sécurité) de l'ONU exigeant le retrait immédiat de l'armée israélienne de Ramallah. Cette résolution se veut, sans doute, équilibrée au risque de renvoyer dos à dos l'agresseur israélien et la victime palestinienne, exige néanmoins que «les deux parties s'engagent immédiatement pour un cessez-le-feu» leur demandant de «coopérer pleinement» avec l'émissaire américain Anthony Zinni. Le Conseil de sécurité renouvelle, par la même occasion, ses précédentes demandes de «la fin immédiate de tous les actes de violence, dont tous les actes de terreur, de provocation, d'incitation et de destruction». Mais il semble bien que pour faire appliquer par Israël les résolutions de l'ONU, il faudrait que les Nations unies conviennent enfin que l'envoi d'une force d'interposition entre les deux belligérants demeure le seul moyen de faire se conformer les uns et les autres aux décisions du Conseil de sécurité. Il semble aussi que l'ONU n'emprunte pas, pour le moment, cette voie tant la superpuissance américaine en est encore peu convaincue. Pendant ce temps, l'armée israélienne intensifie sa répression et élargit sa réoccupation des territoires palestiniens. Après Ramallah, vendredi, c'est au tour de Beït Jala de l'être hier, faisant ainsi fi des fraîches exigences onusiennes de retrait «immédiat» de l'armée israélienne de Ramallah et du QG de Yasser Arafat. En fait, depuis hier, ce dernier est totalement isolé dans les quartiers de la présidence de l'Autorité autonome, assiégée par l'armée israélienne qui campe à deux pas de ses bureaux, les lignes téléphoniques et électriques sont coupées par l'armée israélienne, alors que ses portables ne fonctionnent plus par manque de batteries. Plus que jamais, la vie de Yasser Arafat est en danger non seulement par le fait de son isolement sept de ses gardes du corps ont été assassinés par l'armée israélienne devant les bureaux même du président palestinien, mais encore par l'impossibilité de communiquer avec l'extérieur. Un responsable palestinien a affirmé hier: «Le président Arafat n'a plus de communication avec le monde extérieur, toutes les lignes de téléphone sont coupées. La situation est très dangereuse.» D'Amman, le ministre palestinien de la Communication, Nabil Chaâth, a, de son côté, confirmé en indiquant qu'«il (M. Arafat) est coupé des contacts avec le monde extérieur (...) Mais en dépit de tout, son moral est bon». M.Chaâth souligne néanmoins que le président Arafat n'avait ni vivres ni eau. Même si les Israéliens ne le tuent pas, il est peu probable, au vu de son état de santé, que le président Arafat (73 ans) résiste longtemps à ce régime. Aussi l'intervention urgente des Nations unies, pour mettre un terme au diktat israélien, n'a pas à être mise en exergue, tant la vie du président Arafat n'a jamais été autant menacée.