Résumé de la 6e partie n Geneviève était comme une lionne, et de patience ni de moyen, elle ne voulait entendre parler. Il y avait donc mon enfant, dit la Geneviève, et puis on m'a donné une Parisienne. Les bourgeois ont pris la mienne, croyant que c'était à eux ; ils m'ont laissé leur petiote ; je voudrais à cette heure ravoir la mienne à toutes forces et qu'ils reprennent ce qui leur appartient. – Mais, madame, dit M. l'avocat, commençant à comprendre et à leur parler très gravement, si c'est vous qui avez fait le changement, ça n'est pas si simple que cela, et votre homme et vous, selon que vous auriez mis là dedans de mauvaise intention, vous pourriez bien vous être attiré là une peine terrible. L'autre enfant, la Parisienne, où est-elle ? – Où elle est ? répondit tout de suite Gardin ; elle est chez notre beau-frère, chez les Alexandre, à la Radonnière ; ils en prennent bien soin, et elle est bien gentille, et elle est gaillarde comme il n'y en a pas. – Bon, dit M. l'avocat ; avez-vous prévenu les parents ? – Non point, monsieur ; j'voulions vous consulter. – Et qu'est-ce qui leur prouvera que celle que vous avez gardée ici est bien leur fille et non pas celle qu'ils ont reprise chez eux ? – Ah ! monsieur, dit la Geneviève, point embarrassée du tout, il fallait que cet homme-là n'eût point d'yeux dans la tête ; il a vu deux fois cette enfant, et elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau, tandis que la mienne est bien des fois plus belle. – Mais quelle raison vous engageait à vous séparer de la vôtre pour la donner à des étrangers ? – Oh ! pour cela, monsieur, dit Gardin, c'est une idée de ma femme à laquelle je n'ai jamais rien compris. Je fais mon métier de charpentier bien honnêtement, tout le monde vous le dira ; le reste, ça n'est pas ma faute. – Et les parents, où demeurent-ils ? – A Paris, dit Geneviève ; et elle lui indiqua l'adresse si clairement, qu'il n'y avait pas à se tromper d'une porte ; on y serait allé, comme elle, les yeux fermés. – Retournez-vous-en chez vous, leur dit M. l'homme de loi, et attendez de mes nouvelles. – Il n'y aura point de prison ? demanda Gardin en se retournant, comme il tenait déjà la clenche ; – Cela ne dépend point de moi, répondit M. l'avocat ; mais je vais faire le plus pressé. Bonsoir. Et ils revinrent, la tête assez basse, tous deux à Bellavilliers. A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel