Saison n Outre les différents intervenants, il est un acteur qui reste le premier rempart contre les feux de forêt : les populations riveraines aux forêts ou qui résident au sein de ces dernières… Le rôle des populations riveraines aux forêts est primordial dans la lutte et la prévention contre les feux de forêt, indiquait récemment à Alger, le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Kamel Chadi. Intervenant lors de la réunion de la commission nationale de protection des forêts, en prévision de la campagne 2016 de lutte contre ce fléau, qui dure du 1er juin au 31 octobre, M. Chadi a insisté sur le rôle des populations qui résident à proximité des forêts ou au sein de ces dernières, en précisant que plus de 2 000 comités de riverains sont associés dans la lutte et la prévention contre les feux de forêt. Selon M. Chadi, la vigilance doit rester de mise, puisque les changements climatiques viennent accentuer ce risque, ce qui nécessite l'amélioration des moyens de lutte et d'intervention rapide. Pour 2016, la Direction générale des forêts (DGF) compte mobiliser, à travers les 40 wilayas concernées, un dispositif d'intervention composé notamment de 411 postes de vigie chargés de la surveillance et d'alerte avec un effectif de 1 025 éléments. S'y ajoutent 485 brigades mobiles avec un effectif de 2 921 éléments chargés de la première intervention, avec 301 camions-citernes pour les feux de forêt légers. Outre les moyens de la DGF, plusieurs autres secteurs sont impliqués, dont celui des travaux publics, avec 489 chantiers et un effectif de 5 532 ouvriers, ainsi que 818 chantiers relevant d'autres secteurs exerçant au niveau des massifs forestiers ou à proximité. La DGF a aussi recensé 2 455 points d'eau situés en forêt ou à proximité, qui serviront à approvisionner les camions-citernes des forestiers. Ces moyens seront appuyés par ceux de la Protection civile, qui va mobiliser 15 colonnes mobiles ainsi que des hélicoptères pour détecter les feux de forêt. Pour améliorer le système de gestion des feux de forêt, l'Algérie va bénéficier de projets de coopération technique avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Union européenne. Rappelons enfin que le patrimoine forestier national est estimé à plus de quatre millions ha, tandis qu'un projet est en cours pour y intégrer un million ha de broussailles. Lyes Sadoun En chiffres … l En 2015, la Protection civile avait enregistré plus de 14 000 interventions, notamment dans les zones agricoles, où des milliers de palmiers et des centaines de milliers d'unités de fourrages ont été incendiés, selon le représentant de la Protection civile. Cette baisse, constatée durant cette année avait été, selon la DGF, le résultat de la coordination entre les efforts des différents intervenants et des riverains. Ainsi, la moyenne de la superficie par incendie était passée de 19 hectares (ha) par foyer d'incendie en 2012 à 5,5 ha en 2015, tandis que la superficie parcourue par le feu a atteint 13 010 hectares en 2015 contre 39 069 ha en 2014. L'année 2012 demeure l'année record pour les incendies durant laquelle les feux avaient ravagé presque 100 000 ha. L. S. Béjaïa : la lutte commence A l'orée de la saison estivale, la Conservation des forêts de Béjaïa se prépare activement à la campagne anti-incendie et procède aux dernières retouches de son plan d'action, porté sur le terrain par une organisation quasiment achevée. Objectif : faire face aux éventuels incendies qui engloutissent chaque année des centaines d'hectares. Selon le conservateur des forêts de Béjaïa, Ali Mahmoudi, c'est la première fois que Béjaïa a atteint un tel degré de préparation. Il faut dire que chaque année, les départs de feu causent de très importants dégâts dans la région, ce qui a pour conséquence une dégradation continuelle aux 120 000 hectares que compose le patrimoine forestier. D'autant que la majorité des essences présentes (chêne-liège, pin d'Alep, chênes zen et Afares, chêne vert, cèdre de l'Atlas, pin maritime et eucalyptus) sont inflammables. Ainsi, en 2015, la conservation a enregistré 70 incendies, qui ont calciné une superficie de 545 ha, toutes formations végétales confondues. Cela représente une moyenne de 3,5 ha détruits quotidiennement. Et encore, c'est la campagne la moins sinistrée de toute la décennie. Financièrement, les pertes les plus importantes ont été enregistrées sur le fruitier, soit 43%, suivi du bois d'industrie avec 31% et du bois d'œuvre avec 10%. La valeur totale des dommages pour cette campagne est estimée à 3,8 milliards de dinars. L'analyse montre que les causes de ces incendies sont à 80% parfaitement connues : c'est la négligence ou l'acte prémédité, mais si la législation et la réglementation sont répressives, les auteurs sont rarement appréhendés.