Résumé de la 12e partie n M. Hartley les attendait à la galerie et Jenny remarqua anxieusement les taches rouges sur ses pommettes. Auparavant, puis-je vous féliciter pour l'accrochage de mes tableaux ?» Les taches rouges s'estompèrent. A la pensée de l'énorme sandwich qu'Erich avait avalé, Jenny dit d'un air innocent «Vous devriez pousser M. Krueger à commander des côtelettes Kiev. Je les lui ai conseillées.» Erich leva un sourcil et passa devant elle en murmurant «Merci mille fois.» Ensuite, elle regretta de s'être laissée aller à le taquiner. Elle le connaissait à peine. Alors, pourquoi cette sensation d'affinité ? Il attirait la sympathie et donnait néanmoins une impression de force cachée. Bon, mais avec de l'argent, un physique avantageux et du talent par-dessus le marché, il n'y a aucune raison de ne pas se sentir sûr de soi. La galerie ne désemplit pas de l'après-midi. Jenny guetta les plus gros collectionneurs. Elle les avait tous invités au vernissage, mais savait que nombre d'entre eux viendraient plus tôt pour avoir le loisir d'apprécier tranquillement l'exposition. Les prix étaient élevés, très élevés, pour un artiste peu connu. Mais Erich Krueger ne semblait pas concerné par la vente de ses tableaux. M. Hartley revint au moment où l'on fermait la galerie au public. Il annonça à Jenny qu'Erich était rentré se changer à son hôtel pour le vernissage. «Vous avez fait une très forte impression sur lui, Jenny, dit-il d'un air étonné. Il n'a cessé de poser des questions à votre sujet.» Vers dix-sept heures, le vernissage battit son plein. Jenny entraîna Erich avec compétence de critique en collectionneur, faisant les présentations, échangeant quelques mots, lui ménageant un entretien avec l'un, le conduisant vers un autre. A plusieurs reprises, on leur demanda si elle était la jeune femme qui avait posé pour Souvenir de Caroline. Erich sembla s'amuser de la question. «Je commence à croire que oui.» M. Hartley s'occupa surtout d'accueillir les invités à leur arrivée. A son sourire béat, Jenny présuma que l'exposition était un succès. Manifestement, les critiques étaient frappés par l'homme autant que par l'artiste. Erich Krueger avait changé sa veste et son pantalon de sport pour un costume bleu nuit d'une coupe parfaite ; sa chemise blanche à poignets mousquetaires était visiblement faite sur mesure ; la cravate bordeaux contre le blanc du col empesé faisait ressortir son teint hâlé, le bleu de ses yeux et les fils d'argent dans ses cheveux. Il portait un anneau en or au petit doigt de la main gauche. Jenny l'avait déjà remarqué au cours du déjeuner. Elle comprit soudain pourquoi l'anneau lui avait semblé familier. La femme sur le tableau portait le même. Ce devait être l'alliance de sa mère. Elle laissa Erich en conversation avec Alison Spencer, la jeune et élégante critique d'art du magazine Art News. A suivre