Résumé de la 2e partie n L'ogre fut sensible au reproche fait par sa femme et la perspective d'avoir un prince pour gendre lui souriait fort Mais l'ogre était pétri d'amour-propre. Il trouva la réponse bien froide et que le prince avait été long à se décider. «Ce n'est pas tout de dire : «Je l'épouserai,» reprit-il, il faut voir si tu es digne de posséder un beau-père tel que moi. Qu'est- ce que tu sais faire ?» Martin fut fort embarrassé. Il ne savait rien faire du tout, et, à ce point de vue, le campénaire l'avait véritablement élevé comme un prince. Il résolut de payer d'audace, et répondit bravement : «Commandez, j'obéirai. —Eh bien ! demain, au petit jour, nous irons dans la forêt et tu m'abattras cent mencaudées de bois. En attendant, va te coucher, dors bien et ne fais pas de mauvais rêves.» Je ne sais quels furent les rêves de Martin, mais Martine se retourna vingt fois dans son lit, sans que grand-mère au sable vint lui fermer les yeux. «Jamais, se disait-elle, le pauvre garçon ne pourra se tirer d'une pareille entreprise ! Si encore mon parrain était ici, il nous aiderait à sortir d'embarras.» Elle avait pour parrain Cambrinus, duc de Brabant, comte de Flandre, roi de la bière et fondateur de la ville de Cambrai. A l'époque où Cambrinus apporta la brune liqueur de ce côté, l'ogre qui buvait sec, fut le premier qui reconnut et proclama l'excellence du vin d'orge. Il en advint que Cambrinus se lia avec lui, malgré sa mauvaise réputation. Il voulut même être le parrain de sa fille et choisit pour commère la fée des Houblons. N'ayant pas son parrain sous la main, Martine hasarda d'invoquer sa marraine. «Bonne marraine, fit-elle, venez-nous en aide et sauvez mon futur époux, je vous en conjure.» La fée parut, couronnée de feuilles et de fleurs de son nom. «Es-tu bien sûre qu'il t'aime, ma pauvre enfant ? — Sauvez-le toujours, marraine. Je l'aimerai tant, qu'il faudra bien qu'il me le rende. — Soit, voici ma baguette. Elle accomplira sur-le-champ toutes tes volontés ; mais garde-toi de la perdre et surtout ne la laisse prendre à personne.» Martine remercia chaudement sa marraine, s'endormit rassurée et, à son réveil, alla tout confier à sa mère. Le lendemain, l'ogre conduisit Martin devant un épais fourré, à cent pas de la maison, et, l'armant d'une cognée : «A l'œuvre, mon gars, lui dit-il ; je te donne trois heures pour me faire place nette.» Et il le quitta en riant dans sa barbe. A suivre