Résumé de la 31e partie n Jenny sentit le regard d'Erich posé sur elle. «Réveillée, Jenny», demanda-t-il. Mais elle ne répon-dit pas. Il lui caressa doucement les cheveux ; lui massa les tempes. Tina dormait ; son souffle était doux et régulier. Sur le siège avant, Beth avait cessé de bavarder avec Joe ; elle aussi s'était sans doute endormie. Jenny s'efforça de respirer calmement. Il fallait regarder devant soi, à présent, tourner le dos à la vie qu'elle venait de quitter et penser à celle qui l'attendait. Depuis un quart de siècle, la maison d'Erich avait été privée de toute présence féminine. Elle avait sans doute besoin de certaines transformations. Il serait intéressant d'y trouver les traces de l'influence de Caroline. C'est drôle, songea Jenny. Je ne pense jamais à la mère d'Erich en tant que mère. Je pense à elle en tant que Caroline. Elle se demanda si le père d'Erich en parlait de cette façon. Si au lieu de dire «ta mère», lorsqu'il racontait ses souvenirs, il disait «Caroline et moi...». Elle se réjouissait à l'avance à l'idée d'arranger la maison. Combien de fois avait-elle contemplé son appartement disant, «Si j'en avais les moyens, je ferais ça... et ça... et ça...» Ce serait merveilleux de pouvoir s'éveiller le matin sans être obligée de partir au pas de course pour aller travailler. De rester avec les enfants, leur consacrer du temps, du temps réel, non quelques minutes à la fin d'une journée exténuante. Elle avait déjà perdu la meilleure partie de leur petite enfance. Etre une femme, aussi. Kevin n'avait pas plus été un véritable père qu'un vrai mari. Même dans leurs moments les plus intimes, elle avait toujours eu l'impression qu'il jouait le rôle du jeune premier dans un film de la M.G.M. Et elle était certaine qu'il l'avait trompée, même pendant la courte période de leur vie commune. Erich était un homme mûr. Il aurait pu se marier beaucoup plus tôt, mais il avait préféré attendre. Les responsabilités ne l'effrayaient pas. Kevin les avait esquivées. Erich était si réservé. Fran le trouvait plutôt bon net de nuit et Jenny savait même que M. Hartley ne se sentait pas à l'aise avec lui. Ils ne se rendaient pas compte que çette froideur apparente cachait simplement une nature foncièrement timide. «J'ai plus de facilité à peindre mes sentiments qu'à les exprimer», lui avait-il avoué. Il y avait tant d'amour dans tous ses tableaux... Elle sentit la main d'Erich lui caresser la joue.«Réveille-toi, chérie, nous arrivons à la maison. — Quoi ? Oh ! me suis-je vraiment endormie ?» Elle se redressa. «Je suis heureux que tu aies dormi, chérie. Mais regarde par la fenêtre. Avec ce clair de lune on y voit presque comme en plein jour.» il parlait avec ardeur. «Nous sommes sur la départementale vingt-six. La propriété commence à cette clôture, des deux côtés de la route». A suivre