Résumé de la 26e partie n Plus encore que la bague, les deux statuettes représentèrent pour Jenny le gage d'un éternel amour. Ils se tenaient debout au milieu de l'appartement vide. II ne restait plus rien. Jenny avait tout vendu pour moins de six cents dollars. Sans la note colorée des lithographies, les murs semblaient sales et lézardés. L'état délabré du studio apparaissait tout à coup cruellement maintenant que ni meuble ni tapis n'en dissimulaient la nudité. Seules les belles valises neuves occupaient la pièce. Kevin portait une veste en daim du dernier chic. Pas étonnant qu'il fût toujours fauché, pensa-t-elle. Elle l'examina froidement, notant les bouffissures sous les yeux. Il boit trop, présuma-t-elle. Elle se sentit coupable d'éprouver moins de nostalgie à la pensée de ne plus revoir Kevin qu'à celle de quitter ce petit appartement. «Tu es ravissante, Jen. Cette couleur te va à merveille.» Elle était vêtue d'un ensemble en soie bleue. Au cours d'une de ses visites, Erich avait insisté pour leur acheter à toutes les trois un trousseau complet chez Saks. Il n'avait tenu aucun compte de ses protestations. «Considérez que vous serez ma femme au moment où arriveront les factures.» Les valises Vuiton étaient aujourd'hui remplies d'ensembles haute couture, de chemisiers, chandails, pantalons, jupes du soir, bottes de chez Raphael et chaussures de chez Magli. D'abord gênée à l'idée qu'Erich lui paye tous ses vêtements avant leur mariage, jenny avait fini par prendre plaisir à sa nouvelle existence. Et quelle joie de pouvoir faire des achats pour les enfants ! «Vous êtes si gentil avec nous!» C'était devenu un véritable leitmotiv. «Je vous aime, jenny. Chaque dépense m'enchante. Je n'ai jamais été aussi heureux.» Il l'avait aidée dans le choix de ses vêtements avec un sens inné de l'élégance. «L'œil du peintre, avait-elleplaisanté. — Où sont les filles ? demanda Kevin. J'aurais aimé leur dire au revoir. — Fran les a emmenées se promener. Nous irons les chercher après la cérémonie. Fran et M. Hartley déjeu-nent avec nous. Nous partirons ensuite directement pour l'aéroport. — Jen, je crois que tu t'es lancée un peu hâtivement dans cette histoire. Tu connais Krueger depuis à peine un mois. — C'est suffisant lorsque l'on est sûr de soi, tout à fait sûr. Et nous le sommes tous les deux. — Eh bien, moi, je reste toujours hésitant au sujet de l'adoption. Je n'ai pas envie d'abandonner les enfants.» Jenny s'efforça de dissimuler son irritation. «Kevin, nous en avons fini avec ça. Tu as signé les documents. Tu ne t'occupes pas des enfants. Tu ne subviens pas à leurs besoins. En fait, à chacune de tes interviews, tu nies avoir une famille. — Comment réagiront-elles, plus grandes, en comprenant que je les ai abandonnées? A suivre