Résumé de la 6e partie Abdelkader a obligé sa fille à quitter Alger et à rentrer avec lui à la maison. Samira et Amine se demandent comment ils vont faire pour aider Farida. Baignant dans une tristesse infinie, Farida ne se rend pas compte des kilomètres que la Fiat de son père avale. Lui ne pipe pas mot. Regardant la route droit devant lui, il ne laisse rien transparaître de ses pensées ou de ses émotions. Petit à petit, la jeune fille commence à avoir peur. Elle a tellement entendu parler de crimes d?honneur que son imagination a commencé à lui jouer des tours. En plus, elle sait mieux que quiconque à quel point son père est conservateur et à quel point il peut être impitoyable. Jamais de sa vie elle n?a été confrontée à lui dans une situation impliquant un garçon. C?est la première fois. C?est pourquoi, sidérée par le calme olympien que son père affiche au lieu des frondes auxquelles elle s?attendait, elle commence à craindre le pire. Farida ne reprend sa respiration normale qu?une fois arrivée à la maison à Gouraya. A peine entrée derrière lui que son père l?appelle pour le rejoindre au salon. Aïcha, la mère de Farida ne comprend pas ce qui se passe, mais ne flaire rien de bon. Appelée elle aussi par le chef de famille, elle se dirige vers le salon. «Ta fille ne retourne plus à Alger, lui dit son époux, elle restera ici et t?aidera dans les travaux ménagers. Il faut que tu lui apprennes la cuisine et tout le reste. Elle doit être prête pour le jour où un prétendant se présentera.» C?est fait, Farida connaît enfin le verdict. «Une condamnation à mort», se dit-elle désespérée. «J?aurais préféré qu?il me tue sur la route. Oh, mon Dieu pitié, qu?est-ce que je vais devenir ?» Pâle, Aïcha sait qu?il ne sert à rien de discuter les ordres de son mari. Elle attend que sa fille soit sortie, en étouffant ses sanglots, pour interroger Abdelkader : «Vas-tu me dire ce qui s?est passé ?» «Bien sûr que je vais te le dire. Il faut bien que tu voies le résultat de ton éducation. Ta fille ne restait pas à Alger pour étudier, mais pour sortir avec les garçons et traîner mon honneur dans la boue. Si je suis parti la voir aujourd?hui à l?improviste, c?est parce que le Bon Dieu voulait bien faire les choses et m?ouvrir les yeux. Je l?ai attendue longtemps devant le portail jusqu?à ce qu?elle rentre d?une promenade avec ce vaurien de Amine.» «Amine, ton neveu ? Il est là ?» Evidemment, la réponse à cette question est secondaire et superflue par rapport au vrai problème. Aïcha ne l?a posée en fait que pour dire quelque chose, se donner une contenance. Au fond, elle est choquée par le comportement de sa fille. Elle lui en veut subitement de la mettre en position d?infériorité par rapport à son mari. Celui-ci ne se donne pas la peine de répondre. Au souvenir de ce que sa fille a osé lui faire, il tremble de rage. «Dieu sait ce que j?ignore», explose-t-il hors de lui. Baissant la tête, Aïcha prie en silence pour que la tempête passe et pour que les choses aillent mieux. (à suivre...)