Aller au marché se dit sseweq formé à partir du mot souk. Dans les campagnes, notamment en Kabylie, le verbe prend parfois le sens de se rendre au marché pour acheter de la viande. La teswiqa, diminutif de souk, est un peu partout, en Algérie, le marché que l?on effectue à la veille d'une grande fête religieuse, comme l'Aïd. A la teswiqa s'attache aussi l'idée de viande, c'est à dire d'un produit de luxe que l'on consomme dans les grandes occasions. On achète surtout du bouzelouf (tête et pattes de mouton flambées) ou alors des tripes, dduwara. On fait son marché pour soi-même ou pour un autre. Sseweq signifie, par exemple, pour un chargé de famille, prendre en main les affaires de la famille. Quand une femme est veuve, ce sont ses beaux-parents, en général ses beaux-frères, qui lui font les courses, qui vont pour elle au marché, la femme, dans la société traditionnelle, ne pouvant pas s'y rendre. Aujourd'hui, le verbe a aussi un sens péjoratif : se mêler des affaires d'autrui, s'ingérer, s'immiscer... Ma t-seweq-ch a'liya, littéralement «ne fais pas le marché pour moi», c'est-à-dire ne t'occupes pas de mes affaires ! Si on doit Aller au marché, dit-on, il faut y Aller le matin : suq ss'bah' (le marché ? il faut s'y rendre ? de bonne heure), autrement dit, si l?on veut faire de bonnes affaires, il faut y aller au moment où il y a le plus de marchandises, où on peut faire des choix, comparer les prix. S'il est vrai qu'à la fin du marché, les prix baissent souvent, les produits qu'on trouve alors sont de basse facture, qui n'ont pas trouvé acquéreur. Un autre proverbe dit : «Ba?â al ba?îe u rah' ach-chari» (le marchand a vendu et le client est parti) pour dire que l'on arrive trop tard au marché et que tout a été vendu. Le proverbe a aussi un sens général : il signifie alors qu'on a raté un spectacle ou une occasion qui risque de ne pas se reproduire avant longtemps !