A l'instar des autres régions du pays, la grève a été suivie par les services vétérinaires tant au chef-lieu de la wilaya qu'au niveau des daïras. Les abattoirs sont ouverts et il ne semble pas qu'il y ait de problème d'approvisionnement en viandes depuis le déclenchement de cette grève, puisque la marchandise écoulée sur le marché provient des stocks effectués en prévision de cet arrêt d'estampillage des vétérinaires. Mais alors que l'on suppose qu'il n'y ait pas de problème de contrôle au niveau des grandes daïras de la willaya, à savoir Ouargla, Hassi Messaoud et Touggourt, c'est surtout à El Hadjira et à Taïbet que la vente de viandes non contrôlées prend de l'ampleur depuis deux jours avec les prix d'une viande fraîchement estampillée. Nonobstant ces jours de grève où le citoyen consciencieux a pris les devants ou à défaut s'approvisionne en viande congelée, l'abattage clandestin est toujours présent. Il s'agit d'une pratique courante et chronique, puisque même les plus grandes boucheries de la wilaya s'approvisionnement au moins partiellement du marché parallèle. Et le circuit d'approvisionnement est bien visible de tous, puisque c'est l'impunité totale. C'est ainsi qu'en plein avenue Che Guevara à Ouargla, mais aussi au marché couvert du Ksar, à Haï Bouzid, Rouïssat ou Souk Essebt là où il y a concentration de bouchers, il n'est pas rare d'apercevoir des carcasses de mouton suspendues à des motos ou vélos, et dans le meilleur des cas à bord de Mazda à la propreté douteuse. Même la viande de camélidés n'est pas exclue de cette pratique clandestine encouragée par le manque ou l'inefficacité du contrôle à longueur d'année. Et il est aisé de constater l'irrégularité de ce trafic au moyen de transport, au personnes qui s'en chargent ainsi qu'à l'horaire de livraison qui est tout autre que celui matinal des viandes réglementaires. On est loin d'exiger l'hygiène nécessaire à ce produit périssable. C'est que le consommateur local est loin d'être regardant et c'est la loi du vendeur qui règne sur le marché. Cela est le cas surtout pendant le Ramadhan où la viande hachée provenant de cubes mi-congelés est préparée d'avance et saisie de la main même du boucher qui ne se donne pas la peine de se laver les mains. Les marchands savent pourtant que la vente de viande hachée est soumise à une réglementation spéciale et à un arrêté du wali interdisant l'exposition préalable de viande hachée qui ne doit l'être qu'à la demande du client. Les autres lacunes constatées sont l'exposition et la vente de viandes ovine et bovine en voie de décongélation au même titre que les viandes fraîches et dans un même comptoir frigo. Toutes les boucheries de la willaya exposent désormais de la viande congelée, alors que des commerces spécialisés dans ce type de viande ont vu le jour un peu partout depuis l'avènement de ce type de produit sur le marché. La situation dans les localités périphériques est toute aussi alarmante avec en plus les données de l'espacement des contrôles et le laisser-aller des marchés qui est une caractéristique de tous les marchés de la wilaya. Aucune commune ne peut se targuer d'avoir un marché au sens propre et réglementaire du terme, et c'est à des degrés que les taux de pollution, d'hygiène et d'organisation peuvent être mesurés si jamais une enquête devait être menée, chose qui est loin d'être pour demain. Là où des abattoirs ou tueries existent, le taux d'abattage clandestin est officiellement estimé entre 10 et 15%, et encore les pratiques douteuses vont au-delà des estimations des services vétérinaires de la wilaya, car la fraude est manifeste. Mais dans les localités où il n'existe pas d'abattoirs ou de « tueries », on peut facilement déduire qu'à l'inverse, entre 90 et 85% des viandes proposées et achetées par le consommateurs ne sont pas contrôlées. On conclura par ce constat que le consommateur qui préfère gagner 20 à 50 DA sur des abats exposés au soleil, à la poussière ou aux mouches, est un consommateur qui ferme les yeux sur l'estampillage et achète de l'agneau de lait, du hachi ou houar (petit dromadaire) et même de la viande de brebis avec 200 DA de moins que ceux contrôlés et plus chers !