Résumé de la 44e partie n Le visage de la femme portait encore les traces d'une joliesse passée et Jenny l'imagina plus jeune, plus allègre. — Notre fille Arden a vingt-sept ans. Clyde dit qu'elle est partie à New York. Peut-être l'avez-vous rencontrée? Il y avait une sorte d'extraordinaire avidité dans saquestion. — Je crains que non, répondit Jenny. Mais New York est si grand. Que fait-elle ? Où habite-t-elle ? — Je ne sais pas. Arden s'est enfuie il y a dix ans. Ellen'avait pas besoin de s'enfuir. Elle aurait facilement pu dire : «Man, je voudrais aller à New York». Je ne m'yserais pas opposée. Son père était un peu plus sévère avec elle. Elle savait sans doute qu'il ne la laisserait pas s'en aller à son âge. Mais elle était si gentille. C'était même elle la cheftaine des guides. J'ignorais qu'elle avait tellement envie de partir. Je la croyais heureuse avec nous. La femme fixait le mur du regard. Plongée dans ses pensées, elle avait l'air de raconter son histoire pour la énième fois. — C'était notre enfant unique. Nous l'avions eu tard. Un si beau bébé, tellement avide de la vie, si vous voyez ce que je veux dire. Active dès la minute où elle est née. C'est pour ça que j'ai voulu l'appeler Arden, comme un diminutif d'ardente. C'était vraiment un nom pour elle. Beth et Tina se firent toutes petites contre Jenny. Il yavait chez cette femme, dans ses yeux fixes, son légertremblement, quelque chose qui les effrayait. Mon Dieu, pensa Jenny. Son unique enfant et elle n'en a plus entendu parler depuis dix ans. Je serais devenue folle. — Regardez-la. Rooney désigna une photo encadréesur le mur. — Je l'ai photographiée juste deux semaines avant son départ. Jenny examina le portrait d'une adolescente vigoureuse, souriante, aux cheveux blonds bouclés. — Elle s'est peut-être mariée. Elle a peut-être des enfants, elle aussi, dit Rooney. Je me dis ça souvent. Envous voyant venir avec les petites tout à l'heure, j'ai penséque ça pouvait être elle. — Je suis désolée, dit Jenny. — Non, ça n'a pas d'importance. Et soyez gentille, ne racontez pas à Erich que j'ai encore parlé d'Arden. Clyde dit qu'Erich en a assez de m'entendre rabâcher mes histoires sur Arden et sur Caroline. C'est pour ça qu'il ne m'a plus laissée m'occuper de la maison après la mort de son père. J'en prenais bien soin, comme si c'était la mienne. Clyde et moi sommes arrivés ici quand John et Caroline se sont mariés. Caroline aimait ma façon de faire les choses et, même après sa mort, j'ai continué exactement comme pour elle, comme si elle allait entrer d'une minute à l'autre. Mais venez à la cuisine. J'ai fait des beignets et du café. A suivre