A compter de janvier prochain, les locataires qui ne s?acquitteront pas de leur loyer dans durant trois mois d?affilée risquent d?être estés en justice et expulsés. C?est là l?une des dispositions de la loi de finances. Que faudrait-il faire quand le locataire s?avère un mauvais payeur ? Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, ne cherche pas midi à quatorze heures : «Il faut expulser !» martèle-t-il avec le ton d?un économiste pour lequel le volet social vient toujours en deuxième position. L?annonce a de quoi surprendre. Car ne sont pas quelques réfractaires en manque de civisme qui devront en pâtir, mais bien des millions d?Algériens. 70% des Algériens bénéficiaires du logement social ne paient pas convenablement leurs redevances. Le recouvrement des Opgi n?atteint guère les 22%. Les arriérés de loyers atteignent 8,3 milliards de dinars. Pour colmater la brèche, Abdelatif Benachenhou mise ni plus ni moins sur le fameux article 69 de la loi de finances 2005. L?article en question stipule qu?«en cas de non-payement de trois mois de loyer et autres charges, le bénéficiaire encourra des poursuites judiciaires pouvant aller même jusqu?à l?expulsion». Répressive par son caractère juridique, cette mesure, applicable en principe à partir de janvier prochain si, évidemment, elle venait à être adoptée, risque de mettre dans l?embarras de larges couches de la société. En effet, la grande majorité des bénéficiaires des 589 000 logements et locaux gérés par les Opgi proviennent des couches défavorisées habitant les grands centres urbains et aussi les milieux ruraux. Ceux-ci devront serrer davantage la ceinture pour ne pas se heurter à une loi fort «contraignante» dont le but premier est de sauver des Opgi «non rentables» et menacés de disparition par la faute de «mauvais payeurs» qui, eux, mettent tout sur le dos d?un pouvoir d?achat en éternelle érosion. Une justification qui, du reste, ne convainc guère le premier argentier du pays. M. Benachenhou est décidé, comme il l?a si bien annoncé lors de sa toute dernière conférence de presse tenue au siège de son département, à faire convenablement la part des choses entres «le social et l?économique». Les choses vont s?accélérer.