Résumé de la 83e partie n Alors qu'elle pensait qu'Erich la surveillait, Jenny voulait mettre les choses au point avec lui. Ses mains tremblèrent en boutonnant leurs pyjamas. Je deviens ridiculement nerveuse, se dit-elle, furieuse contre elle-même. Je prends de travers le moindre mot prononcé par Erich, et cela uniquement parce que je me sens déloyale. Maudit soit Kevin. Elle les écouta faire leur prière. «Dieu protège Mamanet Papa», psalmodia Tina. Elle s'arrêta, leva la tête. «Est-ce qu'il faut demander au Bon Dieu de protéger les deux papas ?» Jenny se mordit la lèvre. C'est Erich qui avait commencé. Elle n'allait pas dire aux enfants de ne pas prier pour Kevin. Pourtant... «Pourquoi ne pas demander à Dieu de bénir tout le monde ce soir ? suggéra-t-elle. — Et Fille de Feu, et Puce et Vif-Argent et Joe..., ajouta Beth. — Et Randy, lui rappela Tina. Est-ce qu'on pourrait avoir un petit chien aussi ?» Jenny les borda dans leurs lits. Elle avait de moins en moins envie de redescendre en bas le soir. La maison lui semblait trop grande, trop silencieuse, lorsqu'elle était seule. Les nuits de vent, les arbres sifflaient une plaintelugubre qui transperçait le silence. Et maintenant qu'Erich était là, elle ne savait pas à quoi s'attendre. Avait-il l'intention de rester toute la nuit ou de retourner au chalet ? Elle descendit à la cuisine. II avait fait du café. «Elles devaient être bien sales pour que tu sois restée si longtemps avec elles, chérie.» Elle avait l'intention de lui demander les clefs de la voiture mais il ne lui en laissa pas le temps. Il souleva le plateau du café. «Allons dans le salon et fais-moi admirer tes transformations.» En le suivant, elle nota que son chandail en laine torsadée blanche mettait en valeur ses cheveux blonds. Mon beau mari, doué et couronné de succès, pensa-t-elle ; et avec une pointe d'ironie elle se souvint de Fran disant : «Il est trop parfait.» Dans le salon, elle lui fit remarquer que le seul fait d'avoir changé quelques meubles de place et ôté les bibelots en trop permettait d'apprécier l'admirable mobilier de la pièce. «Où as-tu mis tout le reste ? - Les rideaux sont au grenier. Les bibelots dans l'armoire de l'office. Ne trouves-tu pas que la table à tréteaux va mieux sous Souvenir de Caroline ? J'ai toujours eu l'impression que l'imprimé du canapé jurait si près du tableau. - Peut-être.» Elle n'aurait su dire ce qu'il pensait vraiment. Elle s'efforça nerveusement de remplir le silence. «Et n'as-tu pas l'impression que la lampe placée de cette façon permet de te voir un peu mieux, toi le petit garçon ? Avant on ne distinguait pas ton visage. - C'est plutôt curieux. Le visage de l'enfant a toujours été censé rester dans l'ombre. Tu aurais dû le savoir, Jenny, toi qui as une licence d'art et qui as travaillé dans une grande galerie.» Il rit. A suivre