Le choc n Le derby algérois entre le MCA et l'USMA a été, certes, disputé et d'un niveau technique appréciable, mais la ferveur des gradins a énormément manqué. Ce 100e derby s'est joué devant des gradins affreusement vides du stade Mustapha-Tchaker et c'est le Mouloudia d'Alger, qui a réussi son pari. Une victoire face au voisin usmiste qui fera énormément de bien au Doyen, qui a passé une semaine très difficile après sa piètre prestation au stade du 8-Mai-45 de Sétif. Il faut dire que les hommes de Djamel Menad étaient plus engagés dans ce match et donnaient l'impression, dès le coup d'envoi, qu'ils voulaient absolument remporter les trois points. En parallèle, les hommes de Jean-Michel Cavalli se sont montrés amorphes et ne sont pas parvenus à inquiéter Boussouf et sa défense sauf en de rares occasions, notamment en première période. La défaite des Rouge et Noir est synonyme de première défaite de la saison pour le leader, qui voit son écart sur son adversaire du jour se réduire à trois points. Le MC Oran a également grignoté un point au leader après son match nul à Batna face au CAB. Le système mis en place par l'entraîneur, Djamel Menad, a simplement asphyxié le milieu de terrain de l'USMA, qui était incapable de porter le danger dans le camp mouloudéen. Il a bloqué les latéraux Meftah et Benmoussa, la force de l'USMA, ce qui a permis au MCA d'avoir la possession du ballon et de dominer outrageusement une équipe de l'USMA loin d'assumer son statut de leader. L'entame du match fut en faveur des Vert et Rouge et en moins de 5 minutes, Zemmamouche a été sollicité deux fois par Mokdad. Le pressing haut des Mouloudéens leur a permis de récupérer toutes les balles au niveau du rond central, faisant que le danger était constamment dans le camp usmiste. La domination du MCA était presque totale durant la première demi-heure et Zemmamouche a dû étaler toute sa classe pour détourner un tir de Aouedj, qui prenait le chemin de la lucarne (30'). Les efforts du Mouloudia ont été récompensés en ouvrant le score suite à une très belle action collective. Bouguèche met un centre au point de penalty où se trouvait Zerdab et l'ancien joueur du MOB, d'une tête croisée, a trompé le portier Zemmamouche, qui n'a fait que constater les dégâts (39'). En deuxième mi-temps, c'est le MCA qui était encore une fois dangereux par l'intermédiaire de Aouedj dont le tir a mis à rude contribution Zemmamouche, qui a dû étaler toute sa classe pour stopper la balle (46'). La seule véritable occasion de l'USMA est intervenue à la 51e minute sur coup-franc de Meftah. Boussouf, auteur d'un match tranquille, s'est bien détendu pour détourner la tentative usmiste. Le jeu s'est équilibré en seconde période, mais c'est toujours le MCA qui était plus entreprenant. D'ailleurs, les Vert et Rouge ont fait le break grâce à Zerdab, qui a transformé un penalty suite à une faute de main de Benkhemassa dans la surface de réparation (78'). Ce deuxième but a complètement terrassé les Usmistes, même s'ils ont réussi à sauver l'honneur suite à un cafouillage dans la surface de réparation. Guessan étant l'auteur du but suite à une erreur de Boussouf, qui a mal dégagé le ballon. Le premier véritable test des Usmistes a dévoilé d'énormes lacunes au sein de cette équipe. Le score est somme toute logique et l'USMA a même échappé à une véritable correction. Le MCA a littéralement dominé son adversaire et mérite amplement sa victoire. Djamel O. Le paradoxe Le meilleur match du MCA, le pire de l'USMA La victoire du MCA face à l'USMA est intervenue grâce au système de jeu mis en place par l'entraîneur Djamel Menad. Il a su contrer son adversaire en bloquant les latéraux, Meftah et Benmoussa, la force de l'équipe usmiste. Menad a demandé à ses joueurs d'exercer un pressing haut et cela a limité les espaces au milieu de terrain de l'USMA, incapable de faire trois passes de suite. Le coach mouloudéen a opéré plusieurs changements et à la surprise générale, c'est Boussouf qui a été aligné dans les buts, reléguant Chaâl au statut de remplaçant. Même s'il n'a pas eu à s'illustrer durant le match, l'ancien portier du NAHD n'est pas exempt de tout reproche sur le but des Rouge et Noir. Le coach du MCA pourrait dire qu'il tient sa paire défensive axiale. Demmou et Mebarakou ont montré un grande complémentarité même si beaucoup ont affiché un scepticisme dans l'association de ces deux joueurs qui sont tous les deux gauchers. La paire axiale mouloudéenne a bien fonctionné les deux joueurs ont rendu Guessan presque inoffensif. Contrairement au match face à l'ESS, le milieu de terrain mouloudéen s'est métamorphosé. Il a titularisé Boucherit a pris la place de Seddiki, alors que Mokdad, Karaoui et Zerdab ont eu comme consignes de jouer haut et ne pas laisser l'entrejeu usmiste évoluer à l'aise. Le MCA a gagné la bataille du milieu et cela a été la clé de la victoire. De l'autre côté, Cavalli a raté sa mise en place. Il a opéré deux changements en alignant Benyahia à la place de Chafaï et Koudri qui s'est substitué à Benguit. D'ailleurs, il s'en est rendu compte puisqu'il a fait entrer Benguit et Andria dès l'entame du second half, alors que la rentrée de Sayoud s'est effectuée tardivement. En somme, dans le duel Menad-Cavalli, le coach du MCA a réussi à déjouer tous les plans de son vis-à-vis. Le système mis sur pied a complètement paralysé le leader du championnat. Ainsi, le technicien local a gagné son duel devant le technicien étranger. Dj. O. L'avenir Cavalli : «Je suis prêt à me sacrifier» Réaction n Déçu, l'entraîneur de l'USMA, Jean-Michel Cavalli, n'a pas été clair quant à son avenir. Le coach usmiste a tiré à boulets rouges sur les joueurs, mais évoque d'une manière très cryptée ce que sera son futur à la tête de la barre technique des Rouge et Noir. «D'abord, je tiens à demander pardon aux supporters après la défaite face au MCA. Je sais que c'est un match particulier et que nous n'étions pas à la hauteur de l'évènement. C'est douloureux parce que nous ne sommes pas formés pour perdre et encore moins les derbys de cette importance. Je me sens autant responsable que tout le monde. Il faut avoir le devoir de respecter les couleurs et le public, qui aime ce club comme sa famille. Je ne pense pas que nous avons montré notre véritable visage», a-t-il déclaré. Cavalli regrette la piètre prestation de son équipe face au MCA et fait endosser l'entière responsabilité aux joueurs. «Le club investit beaucoup d'argent et a mis les joueurs dans les meilleures conditions et je ne pense pas que la copie rendue face au MCA soit au niveau des conditions dans lesquelles nous sommes mis. Ce n'est pas avec ce genre de petites prestations que nous irons loin dans nos objectifs. Un derby de ce genre se joue avec le cœur. C'était un match fébrile de notre part et nous n'avons pas le droit d'offrir une aussi piètre prestation. Les joueurs doivent se remettre en question. Ils sont mis dans des conditions idéales, ils ne manquent de rien et ils n'ont aucune excuse. C'est ça qui m'a le plus affecté», a-t-il souligné. L'ancien sélectionneur national reconnaît que le club met tous les moyens, mais les joueurs ne le rendent pas. «L'USMA c'est digne des clubs de très haut niveau. J'ai bourlingué pendant 28 ans à travers plusieurs clubs en Europe, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient, ce que propose l'USMA est exceptionnel. Je ne veux pas être le bouc-émissaire d'un club aussi important qui sera détruit par des pseudo-problèmes. Il faut tirer dans le même sens. Je suis un compétiteur. Perdre un match c'est décevant, mais perdre un derby l'est encore davantage et le perdre avec cette manière fait encore plus mal». A propos de son avenir avec l'USMA, il dira : «Si mon départ sera la clé de l'envol de l'équipe, je partirai. Ce serait indécent de ma part de partir, alors qu'il ne reste que quatre jours avant un match important. J'ai même proposé à l'USMA de chercher un entraîneur, mais en attendant je suis prêt à travailler gratuitement. J'aime ce club, il m'a adopté et les dirigeants m'ont mis dans les meilleures conditions et ce n'est pas moi qui vais le lâcher. Je donne la liberté au club de prendre la décision adéquate. Je suis serein. Je me sens plus que jamais usmiste. Il faut assumer les défaites, car les victoires c'est facile. Ce n'est pas le sentiment que j'ai eu sur le terrain», conclut-il. Dj. O. La joie Menad : «On a gagné, mais ce n'est pas parfait» l L'entraîneur du MCA, Djamel Menad, était aux anges à la fin du match. Une joie légitime pour ce coach qui a vécu des moments difficiles après la défaite face à l'ESS. «Je pense que nous tenons notre match référence. Nous avons réussi un match intéressant, mais il reste encore des imperfections à corriger. En première mi-temps, nous avons réalisé une excellente prestation. Il y avait une grande détermination de la part des joueurs et cela s'est traduit sur le terrain. Nous avons inscrit le premier but au bon moment et malgré cet avantage, les joueurs ne se sont pas relâchés. Nous savions qu'en face il y avait une bonne équipe de l'USMA, qui renferme d'excellents joueurs, rapides et très vifs d'où il fallait un maximum de vigilance. En deuxième mi-temps, nous avons géré et nous avons reculé d'un cran. Le penalty nous a permis de nous mettre à l'abri. Mais même à 2-0 l'USMA n'a pas abdiqué, donc il fallait rester vigilant. Je pense que c'est la détermination et la volonté des joueurs qui ont pris le dessus aujourd'hui. Le fait d'affronter l'USMA les a motivés pour réussir un bon résultat après la défaite face à l'ESS. Nous avons eu un meilleur rendement en attaque avec Zerdab, qui évoluait parfois excentré et parfois dans l'axe, Aouedj et Bouguèche dont l'apport a été appréciable, surtout en première mi-temps. Aujourd'hui nous avons gagné, mais on ne peut pas dire que c'est parfait. Il ne faut pas s'arrêter là. Il faut avoir le même état d'esprit», a déclaré le coach mouloudéen. Dj. O.