Pronostics n Portée par le rejet des partis classiques et une dynamique populiste en Europe, la chef de l'extrême droite française, Marine Le Pen, 48 ans, espère conquérir l'Elysée. «Elle n'est pas battue d'avance. Ceux qui pensent (...) qu'il n'y a aucun danger du côté de l'extrême droite se trompent lourdement. La gauche comme la droite peuvent perdre contre Marine Le Pen», mettait récemment en garde un ministre socialiste. Tout semble sourire au Front national, en progression constante depuis 2012 et arrivé en tête au premier tour de régionales l'an dernier avec un score historique de 28%. A six mois de la présidentielle, l'impopulaire chef de l'Etat, François Hollande a plongé la gauche dans le marasme, à droite la primaire a déclenché une guerre des chefs. Les multiples attentats djihadistes depuis 2015 ont concentré les discours de tous bords sur la sécurité, l'immigration, l'identité: une trilogie portée par le Front national depuis sa création en 1972 par le père de Marine, Jean-Marie Le Pen. «Avantage énorme, c'est quelqu'un qui n'a jamais participé au pouvoir. Ca gomme beaucoup d'aspects peu crédibles de son programme», relèvent des observateurs. «Je n'ai pas d'ascenseur à renvoyer à quiconque, je n'ai pas ‘dealé' avec les uns et les autres. Cette position-là me permet d'être juste dans la manière dont je vais exercer le pouvoir», argumente celle qui avait terminé troisième à la présidentielle de 2012. Le contexte actuel joue en sa faveur : le flux migratoire sans précédent en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale a favorisé la percée des discours ultra-nationalistes, islamophobes, anti-européens et xénophobes en Autriche, Allemagne, Hongrie, Pologne, aux Pays-Bas, au Danemark... Le choix historique et inattendu des Britanniques en faveur du Brexit porté par le parti europhobe Ukip participe de la dynamique populiste actuelle. Outre-Atlantique, la fulgurante ascension du candidat républicain Donald Trump dans la campagne américaine a aussi donné un puissant écho à ces thèmes. Mais, à l'heure actuelle, si toutes les enquêtes d'opinion assurent que Marine Le Pen se qualifiera au soir du 23 avril pour le second tour - et parfois même en tête -, toutes également la donnent battue le 7 mai. Hypothèse la plus probable : la victoire reviendrait au candidat de droite. Loin des saillies racistes et antisémites de son père, la stratégie de «dédiabolisation» de Marine Le Pen depuis son accession à la tête du parti en 2011 lui a permis de séduire dans tout le spectre politique : à droite, des électeurs adhèrent à ses arguments antimmigration repris par leurs propres dirigeants, à gauche, elle joue sur la déception très forte notamment sur le front endémique du chômage. Depuis sa rentrée politique en septembre et le lancement de son slogan de campagne «Au nom du peuple», elle laisse habilement droite et gauche s'écharper. Elle a prévu de descendre dans l'arène en février, et en attendant elle mène sur le terrain une stratégie d'apaisement pour rallier les plus rétifs, comme les seniors. R. I. / Agences Le calendrier électoral de 2017 l Trois scrutins nationaux, l'élection présidentielle, les 23 avril et 7 mai, les législatives un mois plus tard et les sénatoriales en septembre, vont se succéder entre avril et septembre 2017 en France. La présidentielle est précédée de plusieurs primaires, notamment celle des principaux partis : Les Républicains (droite) et le Parti socialiste (gauche au pouvoir). D'autres candidatures ne passent pas par l'étape des primaires, comme celle de la présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, qui s'est déjà déclarée en janvier.