Résumé de la 129e partie n «Erich me pardonnera-t-il un jour toutes ces histoires ? Elle minent notre mariage.» Vous n'avez pas fait trop d'efforts ? — Non. — Vous avez encore maigri. — Je n'arrive pas à manger. — Forcez-vous à manger pour l'enfant. Du lait malté, des glaces, nourrissez-vous. Et restez debout le moins souvent possible. Quelque chose vous préoccupe-t-il ?» Oui, docteur, aurait-elle aimé lui dire. Je suis préoccupée parce que j'ignore qui peut m'appeler en l'absence de mon mari. Rooney serait-elle plus malade que je ne le crois ? Et Maude ? Elle en veut aux Krueger, et à moi en particulier. Qui d'autre est si bien au courant des déplacements d'Erich ? «Etes-vous préoccupée par quelque chose, madame Krueger ? répéta le docteur. — Pas particulièrement.» Elle rapporta à Mark les propos du médecin. Il avait passé son bras sur le dossier du siège. Il est si grand, pensa-t-elle, si solide, avec son côté viril et rassurant. Elle ne l'imaginait pas en colère. Il lança sur le siège arrière le livre qu'il lisait en l'attendant et démarra. «Jenny, suggéra-t-il, n'avez-vous pas une amie ou une cousine, une personne qui pourrait venir passer deux mois avec vous ? Vous semblez si seule ici. Il me semble que cela vous distrairait.» Fran, songea Jenny. Elle aurait tout donné pour que Fran vînt la voir. Elle se souvint de leurs rires, certains soirs, lorsque Fran lui décrivait en long et en large son dernier petit ami. Mais Erich détestait Fran. Il avait expressément prié Jenny de ne pas l'inviter chez eux. Elle pensa à quelques unes de ses autres amies. Aucune d'entre elles n'avait les moyens de mettre quatre cents dollars dans un billet d'avion pour un week-end. Elles avaient toutes une famille et un emploi. «Non, répondit-elle. Je ne connais personne qui puisse venir.» La ferme des Garrett était située à l'extrémité nord de Granite Place. «Nous sommes peu de chose à côté d'Erich, lui dit Mark. Nous avons une parcelle, deux cents hectares. Ma clinique se trouve sur la propriété.» La maison correspondait exactement à l'image que Jenny s'était faite de la ferme d'Erich. Spacieuse, blanche avec des volets noirs et une large véranda sur le devant. Le salon était rempli de livres. Le père de Mark lisait dans un fauteuil. Il leva les yeux à leur entrée. Jenny vit la stupéfaction se peindre sur son visage. C'était un homme de haute taille, lui aussi, avec de larges épaules. Son épaisse chevelure était totalement blanche mais il portait la raie du même côté que son fils. Ses lunettes faisaient ressortir ses yeux d'un bleu-gris ; il avait des cils presque blancs. Mark avait les yeux noirs. Mais ceux de Luke possédaient le même regard interrogateur. «Vous êtes sûrement Jenny Krueger. — En effet.» Il plut tout de suite à Jenny. «Pas étonnant qu'Erich...» A suivre