Résumé de la 108e partie n Pendant que Maude parlait, Beth et Tina s'arrêtèrent de jouer avec le chiot, et restèrent les bras croisés, l'air embarrassé. Et par-dessus tout, elle portait dans son ventre l'embryon d'un être humain qui était le premier Krueger de la cinquième génération, qui appartenait à cet endroit, dont l'héritage était cette terre. Par la suite, Jenny devait se souvenir de ce soir du 7 avril comme de ses dernières heures paisibles. Erich n'était pas là lorsqu'elle rentra à la maison avec les enfants. Tant mieux, pensa-t-elle. Au moins n'aurait-elle pas à jouer la comédie. Elle lui rapporterait les propos de Maude la prochaine fois. Maude avait sans doute déjà téléphoné au shérif. Reviendrait-il ce soir ? Jenny en douta. Mais pourquoi Kevin avait-il été raconter à Maude qu'elle lui avait téléphoné ? Que lui était-il arrivé ? «Que désirez-vous pour dîner, jeunes filles ? demanda-t-elle. — Des saucisses de Francfort, déclara Beth sans hésiter. — De la glace, ajouta Tina avec conviction. — Formidable», dit Jenny. Elle avait eu l'impression que ses filles lui échappaient ces temps derniers. Il n'en serait pas ainsi, ce soir. Faisant fi des précautions, elle permit aux enfants d'apporter leurs assiettes sur le divan. On donnait Le Magicien d'Oz à la télévision. Grignotant leurs saucisses, sirotant leur coca, elles se blottirent confortablement toutes les trois devant l'écran. A la fin du film, Tina s'était endormie sur les genoux de Jenny et Beth dodelinait de la tête contre son épaule. Elle les porta toutes les deux dans leur chambre. Trois mois seulement s'étaient écoulés depuis ce soir d'hiver où elle les ramenait de la garderie et où Erich les avait rattrapées en chemin. A quoi bon penser à cela ? Erich resterait sans doute au chalet ce soir. Elle n'avait cependant pas envie de dormir dans la grande chambre. Elle déshabilla les enfants, leur enfila leurs pyjamas, les débarbouilla avec un gant de toilette humide et les borda dans leur lit. Elle avait mal au dos. Elle ne devait plus les porter. C'était trop lourd, trop épuisant. Ranger la vaisselle dans la machine à laver ne lui demanda pas longtemps. Elle s'assura qu'il ne restait aucune miette sur le divan. Elle se rappela les soirs où elle se sentait fatiguée à NewYork, et où elle laissait la vaisselle rincée empilée dans l'évier et se mettait au lit avec une tasse de thé et un bon livre. Je ne connaissais pas mon bonheur, songea-t-elle. Mais elle se souvint alors des fissures du plafond, des courses effrénées pour conduire les petites chez Mme Curtis, des éternels soucis d'argent, de la solitude. Il n'était pas tout à fait vingt et une heures quand elle eut fini de ranger. Elle fit le tour du rez-de-chaussée,vérifiant que toutes les lumières étaient bien éteintes. Elle s'immobilisa devant le patchwork de Caroline dans la salle à manger. A suivre