Dynamique n «L'année 2017 sera celle de la fin de l'importation par l'Algérie du ciment à la faveur des cimenteries réalisées ou en voie de l'être à travers différents régions du pays, dont la capacités de production globale annuelle devra atteindre les six millions de tonnes». C'est ce que promettait fin octobre, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb alors qu'il était en visite d'inspection à Adrar. Le ministre de l'industrie et des mines a indiqué à l'issue de sa visite de la cimenterie de la commune de Timegtane, daïra d'Aoulef, 260 km Est d'Adrar, que ces projets industriels devront permettre au pays d'atteindre "l'autosuffisance en ciment, et d'entamer la phase d'exportation vers l'étranger". Sur site, le ministre a suivi un exposé succinct sur cette importante entité industrielle, fruit d'un partenariat algéro-chinois. Cet ambitieux projet, dont les travaux de réalisation ont atteint un taux d'avancement de près de 90%, sera livré à la fin de l'année en cours, a-t-on expliqué à la délégation ministérielle. Ce projet est appelé à satisfaire la demande, sans cesse croissante, sur le ciment, pour les projets de développement en chantier dans le grand Sud du pays. Fruit d'un partenariat algéro-chinois et d'un investissement de 21 milliards DA, cette future cimenterie, occupant une surface de 32 hectares dans la commune de Timegtane, territoire du Tidikelt, (260 km Est du chef lieu de la wilaya d'Adrar), offre une capacité de production prévisionnelle annuelle de 1, 5 million de tonnes, a indiqué le chef de projet, Mustapha Seddiki. Selon le responsable, ce projet qui générera 1.100 emplois, dont 400 emplois permanents, relève du groupe industriel "El-Hamel Sidi Moussa" qui contribue, de son côté, à la création, de plus, de 3.500 emplois à travers ses différentes entités économiques installées dans la région. Choisi pour son expérience avérée dans la production de pareilles matières à travers le monde, le partenaire chinois sera chargé, en vertu d'un contrat de coopération de sept ans, de la gestion de cette usine en phase d'exploitation en vue d'assurer la formation de la main-d'œuvre algérienne et le transfert du savoir faire et la maîtrise des technologies de pointe utilisées dans la gestion de cette entité économique. Mettant en valeur cette démarche d'investissement dans le Sud, le ministre a mis l'accent sur la nécessaire prise en charge de certains volets, facteurs de réussite de pareilles unités industrielles, dont la réalisation de la route reliant cette cimenterie, distante de 36 km du chef lieu de la commune de Timegtane pour faciliter l'accès des véhicules lourds notamment. L. S. Cimenterie de Timegtane, fer de lance de l'autosuffisance l Première du genre dans le Grand Sud, la cimenterie de Timegtane ouvre de larges perspectives de développement dans la région dans la mesure où elle contribue, à la faveur de l'alimentation en ce produit nécessaire des projets de construction, à la propulsion de la cadence de développement et d'hâter les rythmes de chantiers retenus pour la région. Dans ce même ordre d'idées, cet ambitieux projet, défi à relever par les pouvoirs publics en matière de réduction de la facture d'importation de ce produit très demandé, devra mettre à la disposition de ses clients les différentes variétés de ciment, dont les ciments pétroliers que cette unité en offrira une quantité de 200.000 tonnes/an à la satisfaction des entreprises pétrolières établies dans la région. La localisation de la cimenterie dans cette région, en chantier en conformité avec les normes mondiales respectant la sécurité et l'environnement, vient répondre à une série de critères, dont la disponibilité de la matière première du produit, susceptible de prévoir en hausse la productivité, d'influer positivement sur le prix du sac de ciment qui sera très compétitif en raison de la réunion des conditions de production, font savoir des responsables. L. S. Une source d'emploi et de formation Pas moins de 254 travailleurs viennent d'être recrutés, via l'Agence nationale de l'emploi, par la Société des Ciments d'Ain El Kebira (SCAEK), Sétif, en prévision de la mise en service de la 2ème ligne de production de l'usine, indique le président-directeur général de la cimenterie El AId Khaber. Le total des travailleurs recrutés pour cette nouvelle ligne atteindra 350, assurait le même responsable lors de la cérémonie d'installation de 25 nouveaux travailleurs organisée au siège de la SCAEK. Il a également relevé que les travailleurs installés ont d'abord bénéficié de contrats de pré-emploi ainsi que des formations au sein de la cimenterie ainsi qu'en France, Allemagne et Espagne. Entamé en 2014, le projet de réalisation de cette nouvelle ligne qui a enregistré plusieurs arrêts dus aux précipitations de neige sera opérationnel à la fin de l'année en cours de sorte à augmenter la capacité de production de 1 million à 3 millions tonnes par an, selon le directeur du projet Bouzid Zazi. Le coût du projet atteint 40 milliards DA, ajoute-t-il. L. S. L'histoire du ciment algérien Parcours n La production du secteur public de ciment en Algérie est passée depuis l'indépendance à ce jour de 1,5 million de tonnes par an seulement en 1962, à plus de 12 millions de tonnes actuellement. Le besoin en ce matériau stratégique a fortement augmenté au cours des dernières années avec le lancement de grands chantiers inscrits dans le plan d'action du gouvernement comme les autoroutes, les voies ferrées, les barrages et les projets de réalisation de logements. Ainsi, les trois usines détenues par le cimentier français Lafarge, ont été nationalisées en 1967, date de la création de la Société nationale des matériaux de construction (SNMC), qui, en plus du ciment, récupéra également les produits rouges, la céramique et les agrégats. Avec la restructuration générale de l'économie nationale à partir de 1983, la SNMC fut réorganisée par secteurs d'activités et les ciments éclatés en quatre entreprises régionales à l'Ouest, au Centre, à l'Est et à Chlef. Le secteur du ciment a connu également dans le passé des restructurations, passant du portefeuille des "Fonds de participation", au Holding "Bâtiment et Matériaux de construction", à la Société de gestion des participations : Industrie des ciments (SGP-GICA) au Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA), créé en 2009. Actuellement, le secteur compte douze cimenteries publiques qui sont les cimenteries de Hadjar-Soud (Annaba), de Am Kebira (Sétif), de Hamma Bouziane (Constantine), de Tébessa, de Am Touta (Batna), de Sour El Ghozlane (Bouira), de Rais Hamidou (Alger), de Zahana (Mascara), de Béni-Saf (Am Temouchent), de Saïda, de Oued Sly (Chlef) et de Meftah (Biida), fermée en 1972 et remplacée trois ans après par une autre usine dans la même ville. Dans le but d'accroître la production de ciment, de mettre à niveau les cimenteries et de lancer de nouveaux investissements, le capital social de certaines cimenteries publiques a été ouvert à hauteur de 35% aux partenaires étrangers durant la période 2005-2008. C'est ainsi que les sociétés des ciments de Hadjar-Soud et de Sour El Ghozlane ont conclu des partenariats, en janvier 2008, avec la société italienne Buzzi Unicem, spécialisée dans la production du ciment et de ses dérivés. La cimenterie de Béni-Saf a, quant à elle, signé en juillet 2005 un accord de partenariat avec la société saoudienne "Pharaon investment group limited", alors que celle de Zahana avait noué un accord en décembre 2007 avec le groupe égyptien Asec. Lacimenterie de Meftah a fait l'objet d'un partenariat en juin 2008 avec le leader mondial des matériauxde construction, le français Lafarge. L. S. Gica : 23 millions de tonnes pour 2019 l Le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) a réalisé une production record en 2015 qui s'est établie à 12.143.557 tonnes de ciment contre 11.555.280 tonnes en 2014 (+5%). La production a dépassé les prévisions qui tablaient sur 11.617.500 de tonnes sur 2015, soit 526.057 tonnes de ciment de plus par rapport aux pronostics. Les quantités de ciment produites par les 12 cimenteries de ce groupe "ont été totalement injectées sur le marché national, honorant, ainsi, toutes les commandes et les besoins exprimés par les opérateurs du marché de la construction", affirme ce groupe. Leader de l'industrie du ciment en Algérie, le groupe s'est fixé comme priorité de contribuer à combler le déficit en matière de ciment, estimé à quelque quatre millions de tonnes/an, avec le lancement de grands chantiers de réalisation de logements et d'infrastructures. A l'horizon 2019, Gica compte augmenter sa production à près de 23 millions de tonnes conformément aux orientations des pouvoirs publics visant à encourager l'investissement productif, notamment dans les filières stratégiques, et à réduire les importations. L. S. Exportation : l'Afrique, une cible potentielle l Ce projet, dont les travaux de réalisation ont été lancés début février 2016 pour une durée de 11 mois, fera partie des projets structurants à garantir l'équilibre de développement dans les régions du grand Sud du pays, impulser la cadence économique susceptible de contribuer à l'amélioration du cadre de vie de la population locale et relancer les activités juvéniles, accompagnant de pareils grands projets. Les responsables de ce projet industriel aspirent, après son entrée en phase de commercialisation, prévue pour la fin du premier trimestre 2017, et la satisfaction des marchés local et régional, à promouvoir l'exportation, notamment vers les pays africains en vue de se mettre au diapason aux orientations visant l'encouragement des exportations hors-hydrocarbures. Pour les responsables de l'usine de Oggaz de Mascara, le ciment blanc est "une opportunité pour diversifier les exportations de l'Algérie après avoir satisfait le marché local". Le ciment blanc est produit à échelle de 0, 6 millions de tonnes/an, avec la particularité d'être l'unique usine de ciment blanc en Algérie dont quelque 100.000 tonnes/an est exportée vers les Etats-unis et le Brésil. "Actuellement, la construction avec du ciment blanc sans avoir recours à la peinture est une révolution dans le monde et l'Algérie devra s'y mettre, car son utilisation représente un gain de temps et d'argent", a-t-il déclaré. La production de ce matériaux pourra en outre compter sur un l'apport que devrait lui procurer le tout nouveau laboratoire implanté à Rouïba, le premier en Afrique et le quatrième au monde, dédié à la recherche dans le domaine des matériaux de construction.