Apparemment enchantée de son rôle de conspiratrice, Rooney acquiesça avec enthousiasme. «On restera toutes les deux à l'attendre, n'est-ce pas, Jenny ?» Jenny ne pouvait même pas partager la nouvelle avec Mark. Lorsqu'il lui téléphona pour l'inciter à laisser le schérif utiliser les médias, elle refusa. Elle finit par accepter un compromis. «Attendons encore une semaine. Je vous en prie, Mark.» La semaine se terminait le 9 mars. L'anniversaire d'Erich tombait le 8 mars. Il serait là le 8. C'était une certitude. Si le shérif et Mark soupçonnaient sa venue, ils insisteraient pour cacher des policiers aux alentours de la ferme. Mais Erich le sentirait. Si les enfants étaient encore vivants, c'était sa dernière chance de les retrouver. Erich était en train de perdre le peu de prise qu'il avait encore sur la réalité. Jenny vécut dans les transes toute la semaine, incapable d'autre chose que de supplier inlassablement : «O Dieu de miséricorde, épargnez-les.» Elle retrouva le chapelet de Nana dans son écrin d'ivoire, le prit dans ses doigts. Elle ne put réciter la moindre prière. «Nana, viens, prie pour moi.» Le deux... le trois... le quatre... le cinq.., le six... Faites qu'il ne neige pas. Faites que les routes soient praticables. Le sept. Le matin du sept, la sonnerie du téléphone retentit. Un appel avec préavis, en provenance de New York. C'était M. Hartley. «Jenny, cela fait si longtemps que je n'ai pas eu de vos nouvelles. Comment allez-vous ? Et vos filles ? — Bien. Nous allons bien. — Jenny, je suis très ennuyé mais nous avons un très gros problème. La fondation Wellington, vous vous souvenez, a acheté Moisson dans le Minnesota et Printemps à la ferme. Et ils ont payé un prix très élevé, Jenny. — Oui. — Ils ont fait nettoyer les tableaux. Et, Jenny, je regrette d'avoir à vous dire cela, mais Erich a falsifié la signature. Il y en a une autre sous la sienne, Caroline Bonardi. Je crains un terrible scandale, Jenny. Les responsables de la fondation Wellington ont convoqué une assemblée extraordinaire pour demain après-midi, et ils ont organisé une conférence de presse ensuite. Demain soir, cette histoire va faire les gros titres. — Arrêtez-les ! Il faut les arrêter ! — Les arrêter ? Mais Jenny, comment le pourrais-je ? Une affaire de faux est une chose extrêmement sérieuse. Lorsque vous payez des millions à un nouvel artiste... quand cet artiste reçoit les plus hautes récompenses... on ne peut garder le silence au sujet d'un faussaire, Jenny. Je regrette, mais cela me dépasse maintenant. A l'heure où je vous parle, une enquête est ouverte pour déterminer l'identité de Caroline Bonardi. En toute amitié, je voulais que vous soyez avertie. — Je préviendrai Erich. Merci, monsieur Hartley.» A suivre