Rendez-vous n Régime syrien et opposition entameront jeudi à Genève un quatrième round de négociations. Des négociations intersyriennes pour faire cesser le bain de sang qui dure depuis six ans reprennent donc, sans grand espoir d'avancées vu la poursuite de la violence, le fossé immense entre belligérants et l'incertitude sur les intentions américaines. Il s'agit des premiers pourparlers depuis les dernières tentatives de régler le conflit, entre janvier et avril 2016 à Genève, qui s'étaient soldées par un échec. Les nouveaux pourparlers s'ouvrent cependant dans un contexte sur le terrain radicalement différent par rapport à avril 2016 : le régime, appuyé par ses alliés russe et iranien, a repris Alep, l'emblématique fief de l'insurrection dans le Nord, et celle-ci ne contrôle plus, selon des estimations, que 13% du territoire. La Turquie, soutien de l'opposition, est devenue belligérant de fait en intervenant au sol dans le nord de la Syrie. Elle s'est aussi rapprochée de Moscou, soutien indéfectible du régime, et parraine avec lui et l'Iran, depuis fin décembre, un cessez-le-feu très volatil. «Je ne me berce pas d'illusions», a admis l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, lors d'un débat sur la Syrie organisé dimanche dernier à la Conférence sur la Sécurité de Munich. Mais «il est temps d'essayer de nouveau», a insisté le diplomate italo-suédois. Cette fois-ci, selon des sources diplomatiques proches des négociations, l'ONU veut mettre face à face les deux belligérants. La délégation du régime sera conduite, comme les fois précédentes, par l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al Jaafari. Celle de l'opposition sera dirigée par l'avocat Mohammad Sabra, un proche de la Turquie. Des groupes de travail devraient être mis en place sur les trois thèmes prévus par la résolution de l'ONU : la gouvernance, la future Constitution, les futures élections. Autant de sujets qui n'ont jamais pu être abordés en profondeur, la question de la «transition politique» n'ayant pas du tout le même sens selon qu'on se place du point de vue de Damas ou de l'opposition. «Nous irons à Genève pour discuter d'une solution politique», a déclaré Anas al-Abdeh, le chef de la Coalition nationale syrienne, lors du forum de Munich. Mais, a-t-il répété, «Assad doit partir», car aucun problème ne sera résolu «tant qu'il reste au pouvoir». Le président syrien, lui, a réitéré récemment sa vision des choses : tous les groupes de l'opposition sont des «terroristes», il jouit du «soutien populaire» pour récupérer «chaque pouce du territoire syrien», et seul les urnes peuvent décider de son sort.