«Où sont les Etats-Unis (sur la solution politique)? Je ne peux pas vous le dire, car je n'en sais rien», a déclaré M. De Mistura, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, à la Conférence sur la sécurité à Munich. L'émissaire de l'ONU sur la Syrie Staffan de Mistura s'est interrogé hier sur l'engagement américain dans la recherche d'une solution politique en Syrie, à quelques jours de la reprise de négociations intersyriennes à Genève. «Où sont les Etats-Unis (sur la solution politique)? Je ne peux pas vous le dire, car je n'en sais rien», a déclaré M. De Mistura à la Conférence sur la sécurité à Munich. «Je comprends qu'ils ont en tête trois priorités: combattre Daesh (acronyme du groupe Etat islamique), limiter l'influence d'un certain acteur régional (l'Iran, ndlr), et ne pas mettre en danger l'un de leurs principaux alliés dans la région», a déclaré M. De Mistura. «Comment résoudre cette quadrature du cercle? C'est ce qui est en débat à Washington», a ajouté l'émissaire de l'ONU. «Ma question est: voulez-vous combattre ou défaire définitivement Daesh? Pour défaire Daesh, il faut une solution politique crédible» en Syrie, a-t-il insisté. L'administration Trump n'a jusqu'à présent pas ou peu donné de signes sur son implication dans les efforts diplomatiques pour tenter de résoudre le conflit qui ravage la Syrie depuis six ans et a fait plus de 310 000 morts et des millions de réfugiés. Pas plus qu'elle ne s'est prononcée sur la façon dont elle envisage une solution politique, et en particulier sur le cas du président syrien Bachar al-Assad, dont l'opposition réclame le départ tout comme l'a fait pendant longtemps l'administration de Barack Obama. «Nous sommes en train de revoir tout le processus de fond en comble», a répondu l'envoyé spécial américain de la coalition antijihadiste, Brett Mc Gurk, qui participait au débat. «Nous serons très égoïstes concernant la protection et la promotion de nos intérêts», a-t-il ajouté. De nouveaux pourparlers inter-syriens doivent reprendre jeudi prochain à Genève sous l'égide de l'ONU, après trois sessions en 2016 qui n'ont permis aucune avancée en raison du fossé immense entre les belligérants sur la transition politique. «Il est temps d'essayer de nouveau», a lancé M. De Mistura, rappelant que les conditions avaient changé avec le rapprochement entre Moscou, allié de Damas, et Ankara, soutien de l'opposition. Ce rapprochement a permis l'établissement fin décembre d'un cessez-le-feu très volatil et d'un processus de négociations au Kazakhstan centré sur le respect de ce cessez-le-feu. A Genève, les discussions porteront sur la résolution 2254 de l'ONU, feuille de route internationale pour un règlement du conflit, a insisté M. De Mistura. Cette feuille de route prévoit «une gouvernance crédible et inclusive, une nouvelle Constitution écrite par les Syriens, et non par des étrangers, et des élections sous la supervision de l'ONU, incluant les réfugiés syriens», a énuméré M. de Mistura. «Nous irons à Genève pour discuter d'une solution politique», a déclaré Anas al-Abdeh, le chef de la Coalition nationale syrienne, la principale composante de l'opposition, également présent à Munich. Mais aucun problème ne sera résolu «tant qu'Assad reste au pouvoir», a-t-il répété.