Résumé de la 4e partie n Après les trois plus considérables aventures qui arrivèrent à Avenant dans son voyage, il était pressé d'arriver au palais de la Belle aux cheveux d'or. Il prit un habit de brocart, des plumes incarnates et blanches ; il se peigna, se poudra, se lava le visage, mit une riche écharpe toute brodée à son cou, avec un petit panier, et dedans un beau petit chien, qu'il avait acheté en passant à Boulogne. Avenant était si bien fait, si aimable, il faisait toute chose avec tant de grâce, que, lorsqu'il se présenta à la porte du palais, tous les gardes lui firent une grande révérence ; et l'on courut dire à la Belle aux cheveux d'or qu'Avenant, ambassadeur du roi son plus proche voisin, demandait à la voir. Sur ce nom d'Avenant, la princesse dit : – Cela me porte bonne signification ; je gagerais qu'il est joli et qu'il plaît à tout le monde. – Vraiment oui, madame, lui dirent toutes ses filles d'honneur, nous l'avons vu du grenier où nous accommodions votre filasse, et tant qu'il est demeuré sous les fenêtres nous n'avons pu rien faire. – Voilà qui est beau, répliqua la Belle aux cheveux d'or, de vous amuser à regarder les garçons ! Çà, que l'on me donne ma grande robe de satin bleu brodée, et que l'on éparpille bien mes blonds cheveux ; que l'on me fasse des guirlandes de fleurs nouvelles; que l'on me donne mes souliers hauts et mon éventail ; que l'on balaie ma chambre et mon trône : car je veux qu'il dise partout que je suis vraiment la Belle aux cheveux d'or. Voilà toutes les femmes qui s'empressaient de la parer comme une reine ; elles montraient tant de hâte qu'elles s'entrecognaient et n'avançaient guère. Enfin la princesse passa dans sa galerie aux grands miroirs, pour voir si rien ne lui manquait. Puis elle monta sur son trône d'or, d'ivoire, et d'ébène, qui sentait comme baume ; et elle commanda à ses filles de prendre des instruments et de chanter tout doucement pour n'étourdir personne. On conduisit Avenant dans la salle d'audience. Il demeura si transporté d'admiration qu'il a dit depuis bien des fois qu'il ne pouvait presque parler. Néanmoins il reprit courage et fit sa harangue à merveille : il pria la princesse qu'il n'eût pas le déplaisir de s'en retourner sans elle. – Gentil Avenant, lui dit-elle, toutes les raisons que vous venez de me conter sont fort bonnes, et je vous assure que je serais bien aise de vous favoriser plus qu'un autre. A suivre Marie Catherine, comtesse d'Aulnoy