Cadeau n L'homme, qui devait avoir la cinquantaine, referma la porte du magasin et se dirigea tout droit vers Faïza qui l'accueillit avec le sourire comme le lui avait maintes fois recommandé sa patronne. A votre service, monsieur. — Euh... voilà, j'ai un ami qui vient d'avoir un bébé et… — Votre ami vient d'avoir un bébé ? — Euh…je voulais dire bien sûr, un ami dont l'épouse vient d'avoir un bébé. Et j'ai envie de lui offrir un cadeau... Seulement, il y a un problème… — Lequel, monsieur ? — Je ne sais pas ce qui conviendrait le mieux. — Cela dépend de ce que vous cherchez... — Si vous croyez que c'est facile... — D'abord, vous voulez acheter quelque chose de cher ou... — Oh ! non, je ne vais tout de même pas me saigner à blanc ! C'est le geste qui compte, n'est-ce pas ? — Oui, c'est ce qu'on dit. Dans ce cas, monsieur, je vous conseille une couverture pour bébé en laine! Nous en avons justement de très belles et qui ne coûtent que 180 dinars. — 180 DA ? Oh ! mais c'est parfait. — C'est un bébé de sexe masculin ou féminin ? — C'est important ? Une couverture est une couverture, non ? — Oui et non... Généralement pour le garçon c'est la couleur bleue qui est conseillée et la couleur rose pour la fille. Le client siffla d'admiration. — Vous en savez des choses, mademoiselle, et pourtant vous avez l'air bien jeune ! — Je suis vendeuse, monsieur, et mon travail exige de moi de telles connaissances. L'homme sourit malicieusement, se pencha sur le comptoir et murmura quelque chose que Faiza entendit mais qu'elle crut avoir mal comprise. — Euh... pardon, monsieur, je n'ai pas bien compris ce que vous m'avez dit. — Je vous ai dit que vous ne devez pas ignorer non plus comment on fabrique les bébés? La jeune fille de vingt-deux ans sentit sa gorge se nouer sous l'effet de la surprise et de la colère. Néanmoins, elle parvint à se contrôler et à lui répondre calmement. — Monsieur, s'il vous plaît, vous êtes ici pour acheter et moi pour vous servir. — Venez travailler chez moi et je vous donnerai dix fois plus que ce que vous gagnez ici ! lui chuchota-t-il encore en lui lançant une œillade. Faïza ne tenant plus, lui lança d'une voix ferme : — Sortez d'ici ! Non mais, pour qui me prenez-vous ? La patronne qui était en train de consulter un livre de cuisine dans un coin, au fond du magasin se leva de sa chaise et s'approcha de sa vendeuse et du client. — Que se passe-t-il, Faïza ? A suivre