Visite n Quand après quelques contretemps vite dissipés, le reste de l'équipée est arrivé, Mohamed- Cherif endosse son rôle de guide en expliquant, dès l'entrée, la signification d'un musée de site pour ceux qui l'ignorent. Il reconstitue la sauvegarde les objets et vestiges trouvés autour de Tipasa. Un patio à peine grand, des fleurs, un arbre au centre et des stèles «puniques». Les employés du musée papotent entre eux. Un chat nous accueille avec bienveillance. Mohamed-Cherif donne un aperçu du passé de celle qui fut d'abord un comptoir phénicien «vers le Ve siècle av. J.-C.» L'origine du nom prononcé en algérien «Tibasa» serait «escale». Mais vraisemblablement il tire son origine berbère du mot «Tafsa» qui signifie le grès ou la pierre calcaire. Ayant atteint son apogée sous Juba II, monarque nourri à la culture gréco-romaine, grand érudit savant, écrivain, elle devient grâce à lui un centre culturel qui rayonnera sur toute la côte méditerranéenne… Sous Claude 1er, en 39, quatrième empereur romain, Tipasa est régentée sous le statut de municipe latin, une loi qui lui dénie la citoyenneté romaine. Cependant, si ses citoyens étaient exclus du droit de vote, ils avaient acquis certains droits dans l'exercice notamment celui du commerce. Afin d'assurer la protection de Tipasa, Claude 1er a érigé une muraille longue de près de trois kilomètres. Sur une carte du musée, on peut apercevoir le tracé de la fortification érigée «attaquée par les troupes d'un autochtone berbère au cours d'une révolte contre l'occupant romain. Ce qui ne sera pas possible pour la muraille érigée autour de Caesarea…» Explique l'archéologue. Par la suite, Tipasa sera hissée au rang «de colonie honoraire» par l'empereur Hadrien. Une position qui octroie à ses habitants la citoyenneté romaine leur faisant profiter du droit de vote à Rome. Outre les statues, les stèles et différents objets comme les cruches, les lampes, les plats, les monnaies, il y a une belle série d'urnes cinéraires en verre soufflé ainsi que des fioles à parfum. Toutefois, ce sont les panneaux de mosaïque qui en imposent par leur beauté. Talent et art conjugués, défiant le temps, les mosaïques tapissant les murs véhiculent la suprématie de la Rome antique dans les colonies… «La Mosaïque des captifs» est une d'elles. Provenant de la basilique judicaire de la ville, cette œuvre magnifique date du IIIe siècle. Au centre de la fresque, un prisonnier nu entouré de sa femme et de son fils. L'image est éloquente sur le sort des Berbères de l'époque et de la Numidie. «Vous pouvez voir que sur la fresque le berbère est représenté avec le teint foncé et les cheveux frisés», indique l'enseignant. Une autre fresque non moins belle «Pax et Concordia» découverte dans la nécropole de Matarés, située sur les terres de Tipasa. «Elle recouvrait une table dédiée à la célébration des repas funéraires à la mémoire des saints.» Le poisson y est présent comme symbole de reconnaissance entre les premiers chrétiens. Rappelons que cette mosaïque a été exposée à Lisbonne au cours de l'exposition universelle en 1988 et qu'Algérie Poste, pour marquer l'événement, avait émis un timbre ayant pour thème la mosaïque Pax et concorda. Il en sera de même pour une deuxième émission à l'occasion du colloque international sur Saint Augustin en 2001. L. N. Musée à ciel ouvert ou l'antique cité La journée ensoleillée a eu un impact sur la visite du site millénaire. Nombre de familles sont venues pique-niquer sous les arbres, alors que d'autres déambulent entre les allées ou bien se dirigent vers la mer. Des écoles ont organisé des classes de vacances avec pour cours pédagogique l'histoire antique de Tipasa. Des touristes étrangers sont venus découvrir ou revoir. Un ancien coopérant, enseignant à la Fac centrale, a longtemps vécu en Algérie, il est revenu pour s'immerger dans Tipasa «un lieu qu'on ne peut oublier…». Mohamed-Cherif nous fait faire le tour du propriétaire avec en prime l'amphithéâtre, le théâtre, le temple anonyme et le nouveau temple. Puis ce fut le tour des habitations, explications à l'appui : «Comme toutes les cités romaines, Tipasa était dotée de deux rues principales, le décumanus maximus et le cardo maximus. Les vestiges apparents laissent voir des restes de villas au nombre de sept, dont seulement cinq sont visibles. Le reste n'a fait pas fait l'objet de fouilles jusqu'à présent.» On saura que les habitations étaient composées d'un vestibule ou atrium avec tout autour des chambres «il était recouvert d'un toit destiné à recevoir les eaux de pluie qui remplissaient un bassin. Généralement les villas tournaient le dos à la rue, se concentrant sur le vestibule et les jardins. Comme dans nos maisons des vieilles villes où les pièces donnent sur «ouest dar». Les grands propriétaires érigeaient des habitations cossues, richement décorées de fresques, agrémentées de colonnades et fontaine en marbre avec en sus des magasins, orientés vers la rue centrale, leur garantissant leur opulence.