Rendez-vous n Le Parlement britannique a donné hier son aval à l'organisation de législatives anticipées le 8 juin, réclamées par la Première ministre conservatrice, Theresa May, qui veut avoir les mains libres pour négocier le Brexit. Après une heure et demie de débats, les députés ont validé par 522 voix contre 13 l'organisation du scrutin trois ans avant la date prévue, annoncé par surprise la veille par Mme May. Aussitôt le vote acquis, la dirigeante a entamé sa campagne électorale en se rendant à Bolton, dans le nord de l'Angleterre, où elle a demandé à quelques dizaines de sympathisants réunis dans un bâtiment de lui donner «un mandat clair» pour mener les discussions du Brexit. «Il s'agit d'offrir un leadership fort et stable pour mener le Royaume-Uni à travers le Brexit et au-delà», a dit Mme May, arrivée au pouvoir trois semaines après le vote pour le Brexit du 23 juin et sans passer par l'épreuve des urnes. Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste, principale formation d'opposition, s'est lui aussi immédiatement rendu sur le terrain, dans une rue de Croydon, au sud de Londres, pour appeler à voter pour «la justice sociale». Le feu vert des députés était attendu puisque les principaux partis d'opposition avaient indiqué qu'ils approuvaient la motion gouvernementale. Jeremy Corbyn s'y était dit favorable même s'il joue sa tête en cas de déroute travailliste. Son parti est en effet distancé de plus de 20 points par les conservateurs dans les derniers sondages, une faiblesse dont Mme May veut profiter pour conforter sa majorité de 17 sièges. Les premières projections indiquent que les Tories pourraient porter leur majorité à plus de 100 députés, dans une Chambre des Communes qui compte 650 sièges. Plusieurs députés travaillistes ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne se représentaient pas. Mme May avait démenti pendant des mois vouloir bouleverser le calendrier électoral et n'a donc pas échappé aux accusations d'opportunisme, même si elle a assuré que ses opposants ne lui avaient pas laissé le choix. Malgré le soutien apporté en mars par le Parlement au déclenchement de la procédure de divorce avec l'Union européenne, elle dit craindre des blocages qui affaibliront la position de Londres dans les négociations avec Bruxelles, qui doivent débuter en juin. Pour Rob Ford, professeur de sciences politiques à l'université de Manchester, une majorité plus large la rendra aussi moins dépendante des europhobes les plus virulents de son parti et lui donnera «plus de liberté pour faire des compromis» avec l'UE à 27. Tim Farron, le chef du parti libéral-démocrate, pro-UE, veut voir dans ce scrutin une «chance pour changer la direction» prise par le Royaume-Uni et «éviter le désastre d'un Brexit dur», impliquant une sortie du marché unique. Le jeu n'est pourtant pas dénué de risques pour Mme May, en particulier en Ecosse où le Parti national écossais (SNP, au pouvoir), pro-UE, compte utiliser le scrutin pour légitimer le nouveau référendum d'indépendance qu'il réclame.