La récurrente spéculation sur les prix des denrées alimentaires à l'approche de chaque mois de Ramadhan a bel est bien commencé. La saisie de milliers de tonnes de viandes congelées à Oran annonce une manipulation bien programmée du marché à la veille de ce mois sacré. Et les mesures annoncées par les autorités peinent à convaincre les ménages qui s'inquiètent de la flambée des prix qui pourrait toucher les produits alimentaires à forte consommation. Il s'agit bien là d'une attitude annonciatrice d'un mois de Ramadhan très cher. Mais s'il est reconnu aux commerçants le libre exercice des prix de vente, il leur est néanmoins interdit de faire dans la spéculation. Pourtant, c'est exactement ce qu'annonce cette quantité de viandes congelées saisie suite à une enquête approfondie. Le groupement de Gendarmerie nationale d'Oran avait reçu des informations sur cette affaire avant de procéder à des perquisitions au niveau des hangars à chambres froides appartenant à des importateurs activant dans ce domaine à Oran. «Les investigations ont démontré que les viandes congelées étaient destinées à la spéculation durant le prochain mois de Ramadhan. Au lieu d'assurer un approvisionnement normal des marchés de la région dans l'ouest du pays en viandes importées conformément aux règles en vigueur, ces importateurs ont préféré leur stockage», explique la même source, signalant le lancement d'une procédure judiciaire. Cette saisie est la première du genre à Oran du point de vue quantité bien qu'une hausse des prix des viandes congelées a été constatée ces derniers jours dans les boucheries. C'est l'histoire classique de l'offre et de la demande. Plus un produit est rare sur le marché plus il serait cher, profitant de l'absence de contrôle régulier et de l'application de la loi en vigueur. Une faille que les spéculateurs n'hésitent pas à exploiter, à la veille de chaque mois de Ramadhan, en invoquant la rareté du produit ou son manque de disponibilité. La viande congelée n'est, malheureusement pas, le seul produit qui pourrait être retiré du marché en attendant le début du mois de Ramadhan afin que la barre des prix soit fixée au plus haut. Les chiffres commencent déjà à faire grise mine, annonçant des manipulations du marché et des pratiques illicites bien propres au mois de Ramadhan sensé être un mois de piété et de solidarité. Une enquête menée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCA), a fait ressortir que certains spéculateurs parmi les grossistes des produits alimentaires ne se contentent pas de stocker des produits de large consommation pour augmenter les prix mais mettent en vente des marchandises périmées. Le gouvernement espère bien gérer ce problème, à cet effet, une série de mesures a été prise pour assurer la disponibilité des produits de large consommation durant le mois sacré, selon le ministre de l'Agriculture. Il a affirmé qu'un travail de sensibilisation a été engagé avec des associations de commerçants pour une maîtrise d'une éventuelle flambée des prix visant à mettre la main sur la bourse, bien maigre, des consommateurs. Un discours rassurant et positif qui affirme préserver le pouvoir d'achat des citoyens par une action résolue contre toutes les formes de spéculation qui se manifestent sur le marché. Or, de l'aveu même du ministre du Commerce «seuls 10 000 contrôleurs sont sur le terrain à l'échelle nationale alors que les besoins sont estimés à 200 000 contrôleurs». «Avec ces effectifs, il est quasiment impossible de contrôler chacun des 3 250 000 commerçants en activité à travers le pays», a-t-il jugé.