Résumé de la 3e partie n Madame Besnin a confiance en tout le monde et, pour une fois, cette confiance est bien placée. L'inspecteur demande à la gardienne de lui indiquer l'appartement de Mme Sophie, en faisant mine d'avoir oublié le nom de famille. — Mme Fidelli ? La couturière ? Cinquième droite. — Elle est couturière ? Vous êtes sûre ? — Si vous êtes client, vous le savez mieux que moi... — Pas client.., inspecteur de police. Devant la carte officielle que présente le visiteur, la gardienne change de ton. — Je ne me mêle pas de la vie des gens de l'immeuble, mais une couturière en chambre avec son allure, si vous voyez ce que je veux dire... mais je ne vous ai rien dit moi, d'abord on n'a aucune preuve. — Vous avez vu cette femme venir chez elle ? Devant la photographie de Sandrine, la concierge n'hésite pas. — C'est la femme de l'accident ? Evidemment, elle lui faisait du ménage, je l'ai vue monter souvent. Elle disait toujours bonjour poliment, pas du tout le genre de l'autre... l'air un peu... enfin pas très futée... Au cinquième étage droite, une porte ornée d'une carte de visite indiquant «Sophie Couture». L'inspecteur sonne. Une femme d'une trentaine d'années lui ouvre avec méfiance. Arrogante dès qu'on lui demande si elle connaît Sandrine Besnin. Devant l'enveloppe «magique», elle nie l'évidence avec culot : — J'y suis pour rien moi, elle voulait que je lui fasse rencontrer ce type ! Finalement elle reconnaîtra les faits. À la première confidence de Sandrine sur ce garçon qu' elle avait à peine vu à l'hôpital, Mme Sophie a sauté sur l'occasion. L'homme était reparti, replongeant dans l'anonymat, mais elle lui trouva une nationalité à l'étranger, c'était plus pratique ; puis elle inventa le mauvais sort qui empêchait que les deux amoureux se rencontrent. Plus de vingt fois en sept ans, Sandrine a raté ainsi son rendez-vous avec l'amour et le mariage. Il venait de sortir, il était par ici, puis par là. Un jour prochain.., à condition que l'enveloppe arrive régulièrement, tout s'arrangerait, et l'on célébrerait le mariage. À partir du témoignage de la mère de Sandrine, l'enquête a reconstitué la somme ainsi escroquée. Environ un million d'anciens francs, une fortune pour Sandrine, qui se privait très souvent du nécessaire, afin de réunir les treize billets. Et comble de l'exploitation, Sandrine faisait le ménage chez la fausse sorcière, gratuitement et de fond en comble, une fois par semaine. Mme Sophie exerçait par ailleurs ses talents dans un autre domaine. Sophie Couture... recevait des amants payants, qui n'avaient d'autre besoin que d'enlever leur costume. Pas de machine à coudre chez elle. Juste un carnet rempli de numéros de téléphone. Et accessoirement une boule de cristal, un jeu de tarot, un accoutrement style gitane de pacotille, histoire d'écumer le portefeuille d'autres gogos. Entre la prostitution, la cartomancie et la sorcellerie de bazar, le revenu de Mme Sophie était beaucoup moins médiocre que celui de sa victime préférée, venue mourir au coin de sa rue avec sa dernière obole à la main. Et vous savez quoi ? Coupable d'escroquerie, cette femme sans scrupule a droit à l'anonymat que nous avons respecté. A part les treize grains de café, de sel, les treize allumettes et les treize billets dans une enveloppe. Si donc on vous demande un jour d'accomplir un rite de ce genre, et Dieu sait qu'il en fleurit tous les jours, versez directement l'argent aux œuvres de la police, et le reste à la poubelle.