Nécessité n La révision radicale du système de formation des imams, à même de leur permettre de confronter les idées étrangères à la religion musulmane, est devenue indispensable. En vue de relever le niveau des imams et du discours religieux conformément au référent religieux national, la dynamique de la formation enclenchée depuis quelques années se poursuit pour la qualification de tous les cadres religieux. Beaucoup d'entre eux ont suivi des stages de recyclage, alors que d'autres ont été invités à assister à des rencontres traitant des questions de la société et de la religion tout au long de l'année dernière. Mais en dépit de l'évolution du discours religieux, tant au niveau des mosquées que de la part des imams, et de la capacité de ces derniers à faire face aux sectes étrangères à l'Islam, le ministre a estimé qu'il reste beaucoup de travail à accomplir en matière de formation. Les imams sont appelés dans ce contexte à exploiter y compris les réseaux sociaux pour véhiculer le discours de la mosquée et communiquer avec les jeunes afin de les protéger des influences négatives. Mohamed Aïssa a incité, à ce propos, les imams à ouvrir des comptes sur les différents réseaux sociaux pour «consolider le lien avec les jeunes, transmettre les messages de la mosquée conformément aux références religieuses nationales et lutter contre le phénomène sectaire. L'ouverture de comptes sur les réseaux sociaux par les 42 000 imams activant à travers les différentes mosquées du pays permettra de constituer un «important outil de pression» revendiquant l'élimination de tout ce qui porte atteinte à l'Islam et à notre référent religieux, a souligné le ministre. Dans le cadre toujours de la lutte contre les idées destructrices étrangères à la société algérienne, des campagnes de sensibilisation au profit des imams sont régulièrement organisées et «font l'objet de veille de la part des inspecteurs au niveau des directions locales et des imams», a assuré Mohamed Aïssa. Concernant le renouvellement des licences aux bénévoles au niveau des mosquées, les conseils scientifiques procèdent actuellement à une révision de ces licences. Les mosquées de la République «fonctionnent selon un référent unifié depuis la réintégration des mosquées au parc national en 1999» souligne le ministre, ajoutant que tout prêche dans les mosquées doit faire l'objet d'une autorisation du ministère. Les institutions de l'Etat demeurent ainsi mobilisées, à travers notamment la qualification des imams, pour protéger le référent religieux national et éradiquer les sectes opérant en dehors du cadre du droit public. Les imams sont à cet effet interpelés pour mener des discours cohérents, authentiques et fondés sur la modération et le juste milieu. Des prêches inspirés de l'héritage de nos écoles, de nos universités et de nos zaouïas dont, le rôle n'est plus à démontrer dans la protection de notre Islam authentique. Toujours sur ces sectes aux idées subversives à l'islam, le ministère assure avoir pris toutes les dispositions pour préserver l'unité religieuse de la société algérienne et l'islam de nos ancêtres, prônant la modération à travers les programmes de formation et l'amélioration du niveau des cadres religieux et des imams. Assia Boucetta Concours pour les imams en mission en Europe Contrairement aux années précédentes, le choix des imams qui vont officier la prière des Tarawih dans les mosquées d'Europe s'est fait sur la base d'un concours national. Outre la maîtrise des règles de la psalmodie, les aptitudes à diffuser un discours religieux «modéré et éclairé» ont été des critères déterminants dans le choix des candidats afin de «donner la meilleure image possible de l'Islam», a expliqué le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Mohamed Aïssa a mis l'accent, dans ce sens, sur le rôle important des imams dans les mosquées qu'ils encadrent afin de «répandre la culture de cohabitation, propager le message authentique des préceptes de l'Islam pour lutter contre toute forme de fanatisme et d'extrémisme et aider la communauté nationale résidant à l'étranger et les musulmans d'origine française à mieux s'intégrer dans leur société». L'année dernière, ils étaient au total 120 imams à partir officier les Tarawih dans plusieurs mosquées et salles de prière, dans le territoire français, sous la tutelle de la Mosquée de Paris. Ces imams peuvent également animer des causeries (dourous) durant tout le mois sacré, mais ne peuvent en aucun cas faire les prêches du vendredi, mission incombant exclusivement aux imams détachés pour une durée plus longue, qui sont au nombre d'une centaine. Un des critères principaux dans le choix des imams pour une mission en France est la maîtrise de la langue française, dans la mesure où la majorité des fidèles est une population de jeunes, nés en France ou y résident depuis plusieurs années, ou des populations qui ne connaissent pas bien l'arabe. A.B. Appel à fonder un conseil de fikh Les membres de la commission de la Fetwa au ministère des Affaires religieuses ont plaidé pour la fondation d'un conseil de fikh ayant pour mission la préservation de la nation des idées étrangères. Des chercheurs, universitaires et chouyoukh ont, à l'unanimité, soutenu cette proposition susceptible de contribuer à la préservation de la nation des idées étrangères par l'examen des voies et modalités de les contrer et de les traiter en vue d'en prémunir la société. Pour Moussa Ismail, de l'université d'Alger, «la création d'un conseil de fikh ou une académie des études islamiques spécialisées est nécessaire pour préserver la société des idées intruses et destructrices». «La création de pareille instance, composée de ouléma et de chouyoukh, devra constituer un élan pour le rétablissement de la confiance de la société envers ses institutions et la lutte contre les idées destructrices et étrangères», a-t-il estimé, ajoutant que «certaines idées guettent les jeunes et sont loin des valeurs de la société algérienne et de son référent». Le spécialiste a également appelé à la création de centres spécialisés pour l'examen de ces idées et leur traitement et le contrôle du discours véhiculé par les réseaux sociaux. A.B