En plus de la mauvaise prise en charge des revendications dans le temps et l'espace, il y a lieu de relever diverses manipulations qui ne disent pas forcément leur nom. Où va l'université de Béjaïa? C'est la question qui taraude l'esprit aussi bien des étudiants, de leurs parents que des responsables. L'évolution heureuse qu'avait connue le conflit à la veille des vacances d'hiver avait fait croire à une reprise normale des cours. Chaque partie avait alors applaudi les conclusions d'une rencontre marathonienne ayant regroupé les responsables de l'Onou, du rectorat et de la wilaya. Mais voilà qu'au premier jour de la rentrée, on assiste à un coup de théâtre et, du coup, l'espoir s'envole en laissant place au scepticisme. C'est de nouveau le spectre de l'année blanche qui plane. Pourtant, l'université de Béjaïa a gagné en notoriété et en prestige ces dernières années. De réalisation en réalisation, cette institution a connu un développement des plus enviables. De quelques milliers d'étudiants, elle est passée à un effectif dépassant 25.000 étudiantes et étudiants, toutes filières confondues. La dernière en date fut la faculté de médecine qui présageait déjà de l'ouverture d'un centre hospitalo-universitaire (CHU) qui manque cruellement aux populations de la Basse Kabylie. Après les conventions avec les autres universités et les entreprises, l'université de Béjaïa est devenue en un temps record un lieu de développement des sciences et du savoir dont la réputation dépasse les frontières de la wilaya. Quel est donc le problème? Pourquoi cette crise qui perdure au point d'engendrer une année blanche? Le risque est là pour ces milliers d'étudiants qui ont eu à subir déjà une année blanche durant leur cursus scolaire. Le souvenir de l'année du boycott est toujours vivace. Outre la mauvaise prise en charge des revendications dans le temps et l'espace, il y a lieu de relever diverses manipulations qui ne disent pas forcément leur nom. Les oeuvres universitaires représentent pour beaucoup de personnes un centre d'intérêt. C'est pourquoi toutes les manipulations sont possibles. Cette revendication de décentralisation n'est-elle pas douteuse? A qui profitera-t-elle? Si pour les étudiants elle vise une amélioration des conditions de vie dans les résidences, ce qui est en soi légitime, il reste qu'elle cache mal d'autres considérations liées aux appareils qui gravitent autour. Les revendications s'entremêlent pour prendre des couleurs politiques. L'augmentation de la bourse d'étude n'est-elle pas une revendication nationale? Pourquoi alors les autres universités n'ont-elles pas bronché en particulier sur ce sujet? Bien qu'ils aient connu des remous ces derniers mois, les autres centres universitaires ont vite retrouvé le calme, à l'exception de celui de Béjaïa. De la manipulation, il y en a. Tout le monde le reconnaît à demi-mot. Dans tout cet imbroglio, une majorité d'étudiants subissent le contre-coup d'une crise dont ils ne sont pas responsables. La volonté de parvenir à un dénouement existe de part et d'autre, mais force est de constater qu'elle est toujours dépassée par des considérations partisanes ou inopportunes.