Activité - De nombreux agriculteurs se consacrent à la culture du blé tendre qui, une fois cueilli avant sa maturité, sera transformé en «frik». Le «frik» est un ingrédient plus qu'indispensable en ce mois de Ramadhan pour une «chorba» du f'tour succulente. ou du «jari» comme aiment à l'appeler les habitants dans l'est du pays. N'attendant pas la saison des moissons comme il est d'usage pour les autres céréales, les cultivateurs récoltent le blé tendre bien avant que ce dernier ait atteint sa maturité. Ils procèdent ainsi à ce qu'ils appellent «le fauchage» en coupant les épis - selon la superficie moissonnée - au moyen d'une faux ou bien d'une faucheuse mécanique. Djamel Mâamria, céréaliculteur dans la daïra de Babar (sud de Khenchela), indique, dans une déclaration de l'APS, que la culture du blé tendre et sa transformation en «frik» est «un filon d'or pour les agriculteurs de la région», expliquant que le quintal de blé vert est cédé à un prix oscillant entre 16 000 et 20 000 DA, et qu'à titre de comparaison, la même quantité de blé tendre récoltée puis transformée en farine ne coûte que 3 500 DA. La rentabilité remarquable de cette activité a incité beaucoup d'agriculteurs de Khenchela à transformer leurs récoltes en «frik», comme c'est le cas de M. Mâamria qui avoue avoir consacré plus de 10 hectares de ses terres à ce produit. Pour obtenir le frik, apprend-on sommairement de Djamel Mâamria, le blé vert cueilli est d'abord séché à l'air libre puis exposé au soleil avant de le faire flamber au chalumeau. Après la torréfaction, le blé est décortiqué et tamisé puis lavé à l'eau. Les grains obtenus sont à nouveau séchés au soleil pour finalement être collectés et emballés dans de grands sacs. Particulièrement éreintante et difficile, cette opération est une aubaine pour bon nombre de travailleurs saisonniers qui attendent avec impatience le mois de mars où est produit le frik et pour qui tout ce processus de transformation (fauchage, torréfaction, passage au tamis et emballage) permet de gagner de l'argent et de subvenir aux besoins de leurs familles. Cette activité grandement lucrative pour les céréaliculteurs est loin de faire l'unanimité au sein des acteurs du secteur et notamment du côté de la direction de l'agriculture qui estime que ce «business» se fait au détriment de la production de la farine (car extraite elle aussi à partir du blé tendre), précise à l'APS le responsable de la production et du soutien technique auprès de la DSA, Ahmed Hamazoui. Il a, dans ce sens, révélé qu'ainsi presque l'intégralité des 5 000 hectares dédiés à la culture du blé tendre dans le sud de la wilaya de Khenchela est transformée en «frik». Cette disparité se répercute négativement sur la production du blé tendre qui, rappelle-t-il au passage, est subventionné par l'Etat, soulignant que depuis le lancement de la campagne de moisson-battage dans la région sud de la wilaya de Khenchela, la Coopérative de céréales et de légumes secs (CCLS) n'a récolté jusqu'ici que 60 quintaux de blé tendre. Nonobstant dans les Aurès, la «chorba frik» trône sur la table des jeûneurs et «le frik» figure au sommet de la liste des achats prioritaires à faire en prévision du mois sacré, chose que confirme aisément Amel. K, une quadragénaire qui souligne que «le frik est le secret pour réussir la chorba».