Initiative - La musique andalouse, considérée comme une musique bourgeoise et citadine et de surcroît interprétée par ce qu'on considérait comme la fine fleur, se «démocratise» de plus en plus. Une bonne chose, étant donné l'engouement qu'elle suscite chez les jeunes musiciens et interprètes par qui elle connaît une réviviscence avec un public mélomane de plus en plus nombreux. A cet égard, pour un système musical andalou de dimension actuelle, l'association El-Djenadia de Boufarik dont la vocation est de faire revivre le patrimoine musical andalou et le perpétuer vient d'éditer dans cette veine contemporaine, deux nouveaux albums de musique andalouse. Ces opus dont la conception artistique et lyrique se distingue l'une de l'autre par une recherche musicale introduisant de nouveaux instruments de musique que ceux utilisés traditionnellement sont dédiés à la mémoire de deux musiciens, Tarek Hammouche et Djamel Missaoui. La nouveauté apportée par El-Djenadia est l'apport d'une influence instrumentale occidentale. Intitulé «Noubet El-Maya, Sahet Letyar» (le cri des oiseaux), le premier album démontre de beaucoup de talent et de savoir-faire dans l'interprétation d'une suite de «m'sedder, de n'sraf et de tefricha» au qanoun comme au luth. L'album réalisé sous la direction de Mohamed Lamine Bouzar aux éditions Ostowana, révèle la pureté originale du style Sanaa de Noubet El-Maya. Un style embelli par des emprunts et influences d'autres écoles andalouses, en particulier celui de la Alaa marocaine dans «Men Houbi Fi Kheir El-Ouara». Edité parallèlement sous l'appellation «Les amis de Tarek Hammouche», le deuxième CD dont la réalisation a fait intervenir une expression musicale plus moderne dans le style andalou, a sollicité Hassen Khoualef, Akram Khalef, Amine Hamerouche et Margarita Doulache respectivement batteur, bassiste, guitariste et accordéoniste. L'orchestre sur le plan vocal a fait également appel à trois choristes. Du point de vue interprètes, El-Djenadia a fait appel à Lamia Maâdini, appréciée sur la scène andalouse et au soliste de l'association. Le duo a réalisé une belle performance dans l'exécution de textes du patrimoine andalou sur des rythmes et variations aux formes plus actuelles, relayant «hawzi, aroubi et chaâbi». Il faut noter l'empreinte musicale apportée par le duo dans ce deuxième album avec «Ya rosn enaka», où l'on distingue une harmonie musicale dispensée par l'introduction notamment de l'accordéon et de la mandoline. Le chaâbi est défini par des arrangements hawzis à travers les morceaux classiques, comme «Daâni Ya Nadim» ou «Mahboub El-Kalb». A noter que la synchronisation contemporaine se retrouve avec les violons, le piano et la clarinette, une performance qui ne manque pas de susciter de l'enthousiasme. L'association culturelle et artistique El-Djenadia de la ville de Boufarik initiatrice de cette innovation musicale a été fondée le 14 juin 1985 grâce à la détermination de mélomanes de la musique andalouse avec pour mission majeure la sauvegarde de ce patrimoine musical ancestral. Rappelons que le nom «El-Djenadia» est un hommage à Cheikh Boualem Djenadi natif de Boufarik en 1903. Cheikh Boualem Djenadi, reconnu comme un artiste talentueux a été au-devant de la scène andalouse dès les années vingt jusqu'à la décennie 60. Il est décédé le 23 décembre 1972 à l'âge de 69 ans.