Initiative - Je ne sais pas pourquoi l'Imzad reflète quelque chose de magique, beaucoup de mystère. La femme dans toute sa poésie et celle des espaces déployés sous leur habit couleur de sable. Dassine la princesse des dunes et son amour immuable traduit en rimes portés par les créatures invisibles jusqu'à la voute céleste. Poèmes éparpillées en poussière d'étoiles jusqu'aux confins du Sahara interprétés par les doigts des fées du désert, joueuses d'Imzad. Pour l'enchantement qu'il procure, pour son nom musical, pour son harmonie ancestrale et plus encore. Pour cela l'Imzad a réuni autour de lui des adeptes, mélomanes ou non, qui se sont donné pour mission de le sauvegarder. Outre cette association, O combien méritoire, une maison d'édition en l'occurrence «Padidou» vient de mettre sur le marché un coffret de cinq CD où sont réunis deux générations de musiciennes et de bardes interprétant un ensemble de compositions du patrimoine musical ancestral de l'Ahhagar. L'initiative a pu prendre corps avec le concours de l'Onda et l'Onci, elle a pour but la mise en valeur de cet instrument pour une large diffusion de ce patrimoine lyrique et musical d'appartenance malienne, algérienne, libyenne et nigérienne. Dix-sept morceaux instrumentaux sont rassemblés dans le premier opus émanant du répertoire «Amghar Izlân» (père de tous les airs). Un recueil inévitable comme prélude dans la tradition de l'Ahhagar au cours des rencontres musicales autour de l'Imzad. Sur ce CD, Alamine Khoulen joue «Amghar Izlân», «Azel Wan Medouten» et «Têklé N'Khoro» une partition reproduisant le son du pas de la chamelle. Biyat Edaber quant à lui reproduit des airs plus rythmés avec «Assendjad'al» (le boiteux), «Eydi» (le chien) ou encore «Lisân» (le cheval).Alamine Khoulen en collaboration avec les poètes Nighat El-Hoceyni et Mohamed Adjila, propose «Izlân Wan Taggaq» des partitions où sont exécutés des morceaux chantés. De même que le trio présente «Izlân Wan Séyénin» des œuvres rapportant des pages de vie du temps passé, transmises grâce à la tradition orale évoquant la beauté féminine et le courage des guerriers. Sur ce premier disque on trouve gravés les «Izlân Wan Sembir» airs interprétés sur de beaux poèmes d'amour du poète Sembir.Les troisième et quatrième enregistrements sont entièrement consacrés à la poésie chantée. Quant à au dernier volume du coffret, on y retrouve de jeunes joueuses de l'Imzad formées par des musiciennes confirmées comme Fatima Badi, Keltoum Hamadi, Cherifa Edaber dont la professeur d'Imzad n'est autre que Chtima Bouzad enseignante à Tin Tarabin à la frontière algéro-nigérienne. Durant treize compositions, où elles ont inséré la flûte de l'Ahaggar, «tazemart», les musiciennes exécutent des titres tirés de chants traditionnels en l'occurrence «Abouneyeti» (mon enfant) , «Imahaytel» (Eviter un danger) ou «Dawatenni» (la gaieté). Notons que pour une plus grande clarté, un recueil explicatif accompagne le coffret avec d'amples observations sur la musique, les interprètes et les musiciens ainsi que les biographies et l'historique de l'association fondée en 2003. La brochure met également en exergue le rôle thérapeutique de cette musique ainsi que la place de la poésie dans la société touarègue.