Loin des débats passionnés autour du Code de la famille et de son éventuelle révision, les mères célibataires continuent de mener leur lutte pour une survie matérielle et mentale. Pestiférées et dans les meilleurs des cas ignorées par tous, elles assument seules leur fardeau. Une information émanant du ministère de l?Emploi et de la Solidarité nationale selon laquelle un salaire mensuel de 10 000 DA sera versé à toute mère célibataire envisageant de reprendre son enfant abandonné dans les centres d?assistance, a circulé depuis quelques jours. Néanmoins, cette nouvelle qui a fait naître une lueur d?espoir de consolider la cellule familiale et de rétablir les liens familiaux entre l?enfant et la mère, a vite été contredite par ce même département. Pour Djamel Ould Abbès, il s?agit d?une prime, dont le montant n?a pas été fixé,«aux jeunes filles qui ont un enfant à charge, le temps de mieux s?organiser». En outre, le ministère a conditionné cette aide par le retour de ces mères chez leurs parents et leur inscription dans un centre de formation professionnelle pour suivre un stage. Ce dispositif permettra, selon les autorités, de ressouder la cellule familiale et d?éviter à ces femmes l?opprobre. Mais qu?en est-il de ces jeunes mère célibataires dont la famille ne souhaite guère entendre parler? Par ailleurs, certains esprits conservateurs ont interprété ce projet comme étant une incitation à la débauche. Pourtant, il suffit de circuler dans les artères des grandes villes du pays, pour constater l?ampleur de ce phénomène qui n?a pas attendu l?annonce de cette prime pour se propager. Il est utile de souligner dans ce sillage qu?il existe, en effet, des mères qui souhaiteraient récupérer leurs enfants et reconstruire de nouveau leur petite famille. Mais pour des raisons purement matérielles, le rêve devient presque utopique. Ainsi, au lieu de protéger l?enfant et la mère en leur octroyant un cadre de regroupement adéquat pour leur épanouissement, avec ces mentalités rétrogrades, nous risquons de perdre à la fois l?enfant et la mère. Dans le cas où la mère décidait de récupérer son enfant, un plan juridique selon, toujours le ministère de l?Emploi et de la Solidarité, a été mis en place. Toutefois, ce dispositif ne semble pas résoudre efficacement ce phénomène attribué aux bouleversements qu?a connus notre société, notamment depuis le début de la décennie noire. Pour preuve, les témoignages de certaines mères célibataires qui ont choisi de garder l?anonymat et de ne pas dévoiler le fin fond de leur histoire à la presse. Il faut savoir que les statistiques officielles parlent, par ailleurs, de près de 548 bébés abandonnés.