Plaidoyer A la fin d?un concert fleuve de plus de cinq heures réunissant une quinzaine de stars du rock américain, Bruce Springsteen, alias «The Boss», a exhorté les électeurs à voter pour Kerry. People Have the Power, ont entonné les stars réunies sur la scène pour le dernier rappel du dernier concert d'une tournée débutée à Philadelphie le 2 octobre, qui a sillonné 11 Etats où l'électorat très partagé risque d'arbitrer la course à la Maison-Blanche. Durant quatre heures, un public plutôt sage d'environ 15 000 personnes a vu défiler sur la scène du MCI Center, en plein c?ur de Washington, les groupes REM, Pearl Jam, Jackson Brown, Dave Matthews... Puis les choses sérieuses ont commencé. Traversant la moitié de la scène en glissade sur les genoux, Springsteen a enflammé l'audience avec son tube mythique Born in the USA. «Haussez la voix pour le changement», a-t-il lancé au public de tous âges, immédiatement électrisé, avant d'enchaîner sur Because The Night en duo avec le chanteur de REM, Michael Stipe, et sur Are You Ready (êtes-vous prêts ?), Ready for Change (prêts pour le changement) avec les reines de la country, The Dixie Chicks. Très en verve dans son tee-shirt noir et son jean râpé, Springsteen a dit combien il était «heureux d'être dans la capitale du pays» avant de prévenir ses «fantassins» : «Nous sommes là ce soir en mission (...) et nous avons beaucoup de travail entre maintenant et le jour de l'élection.» Il se tournait vers les invisibles et omniprésents électeurs indécis, tant courtisés par les deux camps au cours de cette campagne. «Je veux vous dire, électeurs indécis, que diable attendez vous donc !» rugissait Springsteen devant une audience déchaînée. «Nous vivons sur une terre de grandes promesses, mais il est temps pour les Américains de faire leur la promesse de cette terre, car l'Amérique n'a pas toujours raison, mais elle est toujours vraie.» Puis il faisait scander le public à son tour : «Halliburton, Halliburton, Halliburton !», nom de la compagnie de services pétroliers que dirigeait le vice-président Dick Cheney avant d'être élu. «Le changement arrive», prévenait le «Boss», qui citait encore «les droits civiques, la protection de l'environnement, les bas salaires qui forcent tant de gens à cumuler les emplois», avant de conclure : «Je crois que le sénateur Kerry et le sénateur John Edwards, son colistier, comprennent ces problèmes essentiels.» Lynn Reno, un fonctionnaire de Washington d'une quarantaine d'années confiait s'être «engagé pour la première fois, car il est essentiel de chasser Bush». Dan Kramer, 63 ans, de Vienna (Virginie) renchérissait : «C'est la première fois que je participe à un tel événement, Bush est un désastre.»