C'est une spécialité indienne qui a essaimé jusqu'en Afrique: des prothèses aussi ingénieuses que rudimentaires, qui coûtent à peine 50 euros et remettent sur pied des milliers d'amputés depuis des décennies. Environ 10 millions d'Indiens vivent avec une forme ou une autre d'infirmité de mouvement. Le spectacle d'estropiés mendiant à un feu rouge est courant dans cette nation de 1,25 milliard d'habitants. Lancés il y a plus de quarante ans, en 1975, les «pieds de Jaipur» sont devenus célèbres et commercialisés bien au-delà des frontières du pays, en Asie, en Afrique, dans les îles du Pacifique... Depuis le début de la production, 25 000 prothèses ont été écoulées. Les «pieds de Jaipur» sont produits chaque jour à bas coût par une petite œuvre de bienfaisance. Faite principalement de plastique, cette prothèse est adaptée aux nécessités de la vie quotidienne en Inde, une société encore très rurale: travailler dans les champs, s'accroupir pour déféquer, s'asseoir jambes croisées sur le sol... Utilisant des processus de fabrication industrielle, «la technologie que nous utilisons permet de faire un membre très, très rapidement», explique le fondateur de BMVSS, l'organisation derrière le «pied de Jaipur». Ce modèle breveté permet un mouvement de la cheville. Contrairement à la plupart des prothèses, celle-ci peut se porter sans chaussures. Avec l'usure, la jambe artificielle se déforme. Elle peut alors être changée gratuitement.