Résumé de la 2e partie François Barbenchon, le regard éteint, ne bouge pas. Il fait deux crises par jour, il est devenu un homme-enfant. Parallèlement à cela, Mme Barbenchon et ses auxiliaires bénévoles de la salle 12 lui apprennent à prononcer les mots les plus élémentaires. On lui fait tenir un crayon et il trace d'abord des bâtons, puis des lettres. Tous ces exercices demandent des efforts terribles de la part de tous, mais François est un nouveau-né extraordinaire ! Comme tous les enfants, il se lasse vite. Ses lettres se chevauchent, ses phrases sont inintelligibles. Il faut recommencer, recommencer sans cesse. Mais les camarades de la salle 12 sont formidables. Pendant un an, ils vont s?occuper de «L?Hélico» comme s'il s'agissait de leur propre fils. François a une douzaine de mères. Au bout d'un an, il sait dire à peu près tous les mots usuels employés par un enfant de cinq ans, mais ses jambes refusent toujours de le supporter. Il lui faudra trois ans pour arriver à marcher sans l'aide de béquilles. Entre-temps, il rentre chez ses parents, où il fait la connaissance de son chien qui ne l?avait pas oublié, lui, et lui fait la fête avec conviction. Il a fallu trois ans de rééducation totale pour que François redevienne un homme presque comme les autres, presque, car il n'a pas de souvenirs d'enfance ni d'adolescence. Il n'a emmagasiné dans sa jeune mémoire que les faits et gestes de ses compagnons, lorsqu'il revenait à la vie dans la salle 12, à l'hôpital. C'est ce qui lui sert de souvenirs d'enfance. Et c'est précisément là, dans la salle 12, qu'il vient faire sa première visite. Avec une émotion que l'on imagine, il ouvre la porte. Quelques-uns de ses camarades, parmi les plus handicapés, sont encore là et lui sautent au cou. Dans tout l'hôpital, c'est l'événement, la nouvelle se transmet : «L?Hélico est là, le petit soldat qui est venu au monde à vingt-quatre ans !» On se presse autour de lui, on le touche comme pour s'assurer que c'est bien le même, que c'est bien ce mort-vivant qui dormait comme un enfant en suçant son pouce qui est devenu cet homme de vingt-sept ans, discutant et plaisantant avec tout le monde. François Barbenchon s'est à nouveau jeté dans les études et son cerveau tout neuf fait si bien son travail qu'en queIques années, il obtient un certificat de psychologie. C'est bien. Peut-être pourra-t-il aider ainsi les autres, comme il le fut lui-même, si l'on admet que psychologie et amitié peuvent accomplir le même travail. Mais la science, l'officielle, celle que l'on apprend uniquement dans les livres, dira-t-elle un jour où se trouvait le minuscule petit bouton qui ne marchait plus dans le cerveau de François ? Et, si elle le trouve, les hommes pourront-ils s'empêcher d'appuyer dessus à tort et à travers ? Faire d'un peuple entier une armée de nouveau-nés... quelle horrible science-fiction !