Résumé de la 1re partie 1958. François Barbenchon, 24 ans, se crashe et se retrouve dans une petite chambre d?un hôpital d?Alger. Mme Barbenchon comprend, mais elle insiste. «Tous ces garçons ont l'âge du mien. Ce sont des victimes de la guerre, comme lui.» Et puis la mère trouve l'argument décisif qui va emporter l'accord de tous : «C'est en sauvant des garçons comme lui qu'il est devenu ce qu'il est !» Dès le lendemain, François Barbenchon fait son entrée dans la salle n° 12. Tous les malades ont été prévenus qu'un pilote d'hélicoptère allait séjourner parmi eux et qu'ils auraient à lui faire partager leur vie malgré sa totale indifférence. Dès son arrivée, deux malades viennent s'asseoir près de son lit et se mettent à bavarder avec lui. Ils parlent de leurs problèmes, racontent leurs aventures. François ne bouge pas. Son regard est toujours aussi éteint. Lorsque l'un des malades se lève, il tourne la tête vers lui ; alors, voyant ce geste, l'autre le rassure : «T'inquiète pas, il va revenir.» Et la vie en commun va commencer à porter ses fruits. Quelques jours plus tard, François n'a plus que deux crises par vingt-quatre heures. Toute la journée, les rééduqués se succèdent à son chevet. lIs l'ont baptisé «L?Hélico» et c'est à qui attirera son attention en lui racontant n'importe quoi. Chacun à son tour, ils lui donnent à manger à la cuillère, lui font écouter la radio. Une sorte de toile faite de tendresse et d'affection s'est tissée autour de François. Chaque jour, Mme Barbenchon vient en visite et apprend de la bouche de ses camarades l'évolution du malade. Chaque homme de la salle 12 est devenu un auxiliaire dévoué, qui guette, provoque et note les réactions de François. «Sa crise a été moins forte» ; «il a bien mangé aujourd'hui» ; «il a souri»? Et il est vrai que le pilote va mieux. Ce n'est encore qu'un saut de puce dans un tunnel, mais François dort mieux, comme un enfant, d'un sommeil sans nuages, et pendant ce sommeil en position f?tale, il suce son pouce. Quand il ne dort pas comme un nouveau-né, François contemple le monde qu'il découvre avec un handicap supplémentaire, car il y débarque avec un corps d'adulte, une voix d'adulte, un cerveau d'adulte, et qu'il est immédiatement plongé dans un univers qu'il ne connaît pas. Un jour enfin, c'est le miracle. Mme Barbenchon entre dans la salle 12 et lance son bonjour habituel auquel chacun répond. Elle arrive devant le fauteuil où son fils est installé. Il la regarde intensément, entrouvre la bouche et émet un son qui, manifestement, veut dire «bonjour». Bouleversée, sa mère tombe à genoux et tente de lui faire redire ce mot, témoin de son retour à la vie : «Oui, bonjour, François, bonjour, bonjour...» Un instant, l'homme enfant fait un effort énorme pour le redire. Sa bouche s'entrouvre, tout son visage se tend sous l'effet de la concentration, puis sa tête retombe sur sa poitrine, épuisé par l'effort accompli. Mais le premier pas est franchi. Confirmé dans ses théories, le professeur Baumann commence la rééducation de ce nouveau-né de vingt-quatre ans. Il faut tout lui réapprendre : comment on tient une cuillère, comment on porte ses aliments à la bouche, comment on satisfait ses besoins naturels à heure fixe. (à suivre...)