Violence - Au moins 276 personnes ont été tuées et 300 blessées dans l'attentat au camion piégé mené samedi dans le centre de Mogadiscio, le plus meurtrier de l'histoire de la Somalie, a annoncé lundi le gouvernement somalien dans un communiqué. «Le gouvernement fédéral somalien a confirmé que 276 personnes ont été tuées dans l'explosion (...) et 300 autres personnes blessées ont été admises dans les différents hôpitaux de Mogadiscio", indique ce communiqué du ministère somalien de l'Information publié dans la nuit. "Il y a encore une opération nationale de secours en cours et nous partagerons toute nouvelle information", a ajouté ce communiqué, laissant entendre que ce bilan pourrait encore augmenter. Cet attentat au camion piégé est survenu en milieu d'après-midi samedi au carrefour PK5, situé dans le district de Hodan, un quartier commercial très animé de la capitale avec ses magasins et ses hôtels. Les bâtiments et véhicules situés à proximité ont été fortement endommagés par la très forte explosion, qui a laissé de nombreux corps brûlés ou déchiquetés. L'explosion s'est produite devant le Safari Hôtel, un établissement populaire mais qui n'est d'ordinaire pas fréquenté par des responsables gouvernementaux. Habituellement, les shebab ciblent plutôt les hôtels dans lesquels résident les responsables officiels. L'explosion a eu un effet destructeur dans un vaste périmètre autour du Safari. "C'était la plus violente explosion que j'ai jamais constatée, elle a détruit tous les environs", a témoigné Muhidin Ali, un habitant de Mogadiscio. "Il y avait des cadavres partout, des blessés criaient et certains étaient sous les décombres de maisons détruites"", selon un autre habitant, Fadumo Dahir. "Tout le quartier ressemble à une scène de guerre", ajoute un témoin, Ahmed Bare. "Il y a eu une forte déflagration causée par un véhicule chargé d'explosifs. Cela s'est produit devant un hôtel près du carrefour K5", quartier fréquenté de la capitale somalienne, a expliqué un responsable sécuritaire, Mohamed Adan. "C'était affreux, la bombe a explosé sur une route très fréquentée et a tué beaucoup de personnes. J'ai vu plusieurs cadavres, mais je n'ai pu les compter, c'était horrible", a témoigné un habitant, Ismail Yusu. Même écho de la puissance dévastatrice de l'explosion de la part des services de secours. "C'est un événement horrible. L'équipe chargée de ramasser les corps ne connaît même pas le nombre de victimes tellement il y en avait. On n'a jamais vu autant de morts et de destruction", a déclaré Abdukadir Haji Aden, directeur du principal service ambulancier de Mogadiscio. "Ils ont ramassé des dizaines de tués et de blessés, et ils continuent". "Cent onze des corps morts ont été enterrées par leurs proches, alors que le gouvernement local à Mogadiscio a respectueusement enterré les autres. Il y aura un deuil national et des prières pour les victimes dans les jours à venir", a déclaré le gouvernement dans un communiqué. L'attentat de samedi a eu lieu un jour après l'annonce de la démission, sans explications, du ministre de la Défense et du chef de l'armée du gouvernement somalien. R. I. / Agences l Le précédent attentat le plus meurtrier en Somalie avait fait au moins 82 morts et 120 blessés en octobre 2011. Il avait déjà été mené par un camion piégé qui avait visé un complexe ministériel à Mogadiscio. Cet attentat n'a pas été revendiqué. Mais les islamistes somaliens shebab, liés à Al-Qaïda, qui lancent fréquemment des attaques et attentats-suicides dans Mogadiscio et ses environs, ont été pointés du doigt par les autorités. Les shebab ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l'Union africaine (Amisom). Ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent dans la capitale, et contre des bases militaires, somaliennes ou étrangères.