Commémoration - Les autorités marocaines ont interdit l'organisation de manifestations dans les rues d'Al-Hoceima (nord du Maroc), à l'occasion du premier anniversaire du mouvement de contestation «Hirak» dans la région du Rif. Suite à plusieurs invitations sur les réseaux sociaux appelant à l'organisation de manifestations, les autorités ont interdit toute manifestation pour deux jours à compter du vendredi. Plusieurs partis politiques et organisations civiles au Maroc ont appelé à l'organisation des actions à travers toutes les villes marocaines, les samedi et dimanche, en solidarité avec les prisonniers du «Hirak» à Al-Hoceima et de «la révolte de la soif» à Zakoura et pour appeler à leur libération et mettre à nu les crimes commis à l'encontre des enfants de ces régions lors de leurs manifestations «contre la souffrance et la marginalisation». Une année après le début du mouvement de protestation, rien n'a changé au Rif pour les observateurs qui déplorent les quelques 400 arrestations. Pour l'ancienne députée sous l'étiquette du parti de la Justice et du Développement, Souad Chikhi, le «Harak» le soulèvement déclenché à Al-Hoceima contre «la marginalisation économique, politique et historique» de la région n'a pas donné de résultats, soulignant que des centaines de militants se trouvaient toujours sous les verrous. Les autorités marocaines n'ont pas pris en charge les revendications principales des manifestants notamment en matière d'emploi, de santé, d'éducation et l'ouverture d'une enquête sur la mort de Mohcine Fikri et d'autres personnes durant les manifestations du 20 février, a-t-elle ajouté. Elle a exigé l'annulation de tous les chefs d'inculpation à l'encontre des prisonniers du Hirak et leur libération.Dans la capitale française, un rassemblement à la place de la Bastille a regroupé hier plusieurs personnes qui ont appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités face à la situation «répressive» dans la région du Rif, «au sort des détenus politiques» et dénoncer le pouvoir marocain.Organisée par le Comité de soutien au mouvement rifain d'Ile-de-France (CSMR-IDF), les participants à cette manifestation, des Marocains, ont scandé plusieurs slogans, dont «Pouvoir assassin», «Le Makhzen dehors», avant de se diriger vers la place de la République.Les manifestants, surveillés discrètement par les services de police, ont rappelé que depuis l'assassinat de Mohcine Fikri, il y a un an, des centaines de milliers de Rifains manifestent pacifiquement dans toutes les villes et villages du Rif, soulignant que le l'Etat marocain «fait la sourde oreille et refuse de négocier avec les représentants du Hirak».«Pire, ont-ils affirmé, le Makhzen a noyé la région du Rif par des dizaines de milliers de policiers et militaires pour réprimer ce mouvement populaire civique et pacifiste», indiquant que le pouvoir marocain a arrêté et mis en prison «plus de 400 personnes, dont les leaders du Hirak».«Toutes les villes et villages du Rif sont militairement quadrillés, des milliers de personnes convoquées par la police, intimidées et maltraitées, dont le seul objectif est d'arrêter le soulèvement populaire», ont-ils ajouté. Les manifestants ont exigé un nouveau procès «crédible et sérieux» pour mettre au jour «la vérité sur l'assassinat de Mohcine Fikri et punir les vrais responsables de ce crime». Mohcine Fikri, vendeur de poissons, fut arrêté par la police le 28 octobre 2016, rappelle-t-on, et mourut tragiquement broyé dans une benne à ordure à El-Hoceïma alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise saisie par la police. Sa mort a déclenché depuis un mouvement populaire de contestation (Hirak) réprimé par le pouvoir marocain.