Tradition Laâbet el-khatem, que l?on peut traduire par «jeu de l?anneau», est un divertissement traditionnel pratiqué depuis les temps anciens dans les Aurès et dans plusieurs régions de l?Est algérien. Ce passe-temps semble toutefois tombé dans l'oubli, ignoré des jeunes générations, détrôné par de nombreux jeux électroniques et autres consoles ; ces jeux qui sont devenus presque caducs. Le jeu de l?anneau est avant tout un jeu rural, propre à certains terroirs de l?est algérien compris entre les Aurès, les Nememcha, la région de Skikda, celle d?Annaba et les hauts-plateaux sétifiens. Mais il arrivait que l?on joue au khatem dans les haouz des vieilles cités, même s?il restait ignoré de certains citadins. Cette distraction n?est nullement assimilable à un jeu de hasard ni rattachée à des milieux marginaux. Il s?agit d?une coutume certes profane, mais qui reste admise par la société rurale dont elle ne heurte pas les bonnes m?urs. Le jeu du khatem se pratique entre invités, dans une maison, parfois dans les cafés maures, les fondok ou les hammams, pour passer les longues nuits d?hiver ou rompre la monotonie des veillées, après avoir épuisé les palabres et les sujets de discussion se rapportant au passé ou aux soucis du présent. Les deux équipes de joueurs, en nombre égal, se font face et jouent à tour de rôle, en dissimulant les mains sous une couverture qui couvre les jambes des joueurs. Il s?agit de placer dans une des mains l?objet à trouver, en l?occurrence une bague, mais généralement l'on se contente, à défaut d'un anneau, d?une pièce de monnaie. Une fois la pièce dissimulée, les joueurs font sortir de la couverture leurs mains, les poings fermés, devant leurs adversaires qui choisissent un représentant chargé de trouver la main qui détient le khatem, en éliminant progressivement les porteurs vides. Le jeu du khatem, dont la simplicité ne prête pas à confusion, donne l?occasion aux convives de créer une atmosphère bon enfant qui n?exclu ni la bonne humeur ni l?humour, autour d?une meïda de thé, café ou autres victuailles. Le jeu du khatem aiguise le sens de l?observation, nécessite un peu de psychologie et beaucoup de «bluff», sans tricherie. Le nom du jeu, qui signifie anneau ou bague, provient sans doute du fait que ce jeu est pratiqué aussi dans les fêtes de mariages. Autrefois, les cortèges (mahfel) venaient à dos de cheval et de mulet, pour amener la mariée dans sa nouvelle famille. Le mahfel était souvent obligé de passer la nuit dans le domicile paternel de la mariée, pour ne prendre la route vers la demeure conjugale que le lendemain. Pour sceller leur alliance, les parents des époux se mesuraient dans des joutes où chaque partie devait faire étalage de ses qualités.