Des combattants et autres miliciens armés ont violé et torturé des dizaines de milliers de femmes, jeunes filles et enfants en République démocratique du Congo (RDC), et beaucoup de ces victimes sont décédées parce que le système sanitaire du pays s'est révélé incapable de faire face à cette crise, dénonce Amnesty International dans un rapport publié mardi. Selon l'organisation, le nombre énorme de cas de viols en RDC (ex-Zaïre) «représente une crise en matière de droits de l'homme et de santé, qui nécessite une réponse à la fois immédiate et à long terme». Dans ce rapport intitulé «Viols en masse, le temps des remèdes», Amnesty International affirme que les efforts du gouvernement de Kinshasa et de la communauté internationale sont insuffisants pour traiter toutes les victimes, qui n'ont souvent pas accès aux services sanitaires. «Des dizaines de milliers de survivants souffrent aujourd'hui. Beaucoup meurent inutilement», déplore l'organisation de défense des droits de l'homme. «Il est impossible pour les survivants d'avoir accès à des soins médicaux décents.» Amnesty ne précise pas à quelle période remontent ces viols, mais souligne que des hommes, des femmes, des jeunes filles, des enfants et même des bébés en ont été victimes. «Certaines des victimes ont subi des viols multiples et d'autres formes de violences sexuelles à deux ou trois occasions distinctes durant la guerre de la part de différentes forces. D'autres ont été violées par des groupes allant jusqu'à 25 combattants ou ont été utilisées comme esclaves sexuelles pendant des mois ou des années», écrit Amnesty dans ce rapport. Un grand nombre de ces viols ont été accompagnés d'actes de torture et de barbarie. Dans les cas les plus horribles, des combattants ont introduit des baïonnettes et des bâtons taillés dans le vagin de leurs victimes. Deux ans après la fin de la guerre, le gouvernement de Kinshasa est encore confronté aux conséquences de ce conflit, notamment à la poursuite d'affrontements sporadiques, dans l'est de cet immense pays, entre d'anciennes factions rebelles, des milices et des forces fidèles au pouvoir en place.