Après avoir exigé de l'argent, ses trois agresseurs l'ont violée devant ses enfants. N. 32 ans, a perdu connaissance puis, après être revenue à elle, a fui sa maison pour retourner chez ses parents, à Bangui. Son bébé de 4 mois est mort en route. Son mari, après avoir appris qu'elle avait été violée, l'a quittée pour une autre femme. Des tests médicaux ont révélé par la suite qu'elle avait contracté le VIH et la tuberculose. C'est une première : Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale, annonce, mardi 22 mai, l'ouverture d'une enquête dans laquelle les allégations de crimes sexuels excèdent largement le nombre d'assassinats. Le théâtre de ce cauchemar : la République centrafricaine (RCA). Plus exactement, le conflit armé opposant un groupe politique armé, dirigé par l'ancien chef d'état-major, François Bozizé, aux forces gouvernementales du président Ange-Félix Patassé. Des partisans étrangers des deux forces en présence, venus du Tchad et de la République démocratique du Congo (RDC), ont également pris part à ces combats. Assassinats, actes de pillage et de viols commis souvent dans des circonstances de cruauté aggravantes - en public, en présence de tiers, en obligeant les proches à y prendre part : des rapports donnent à penser que ces exactions commises par les combattants centrafricains, congolais et tchadiens, entre octobre 2002 et mars 2003, ont été systématiques et généralisées. L'impact social - victimes rejetées par leurs familles et leurs communautés, et d'autres infectées par le VIH - est énorme. Aucun bilan officiel de ces combats et de ces exactions n'a été dressé. La CPI a identifié 600 victimes tout en estimant que ce chiffre devait être bien en-dessous de la réalité. L'Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse (Ocodefad) centrafricaine, a, quant à elle, rapporté 1045 victimes, dont 480 femmes et fillettes violées. Tout en se réjouissant de cette initiative, l'ONG de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, souhaiterait que les investigations s'étendent « aux crimes commis récemment dans le Nord de la RCA, où sévissent, depuis 2005, des rebelles hostiles au président Bozizé ». Autre réaction : celle de Jean-Pierre Bemba. Si comme le souligne la Cour, « l'enquête ne vise aucun suspect en particulier à ce stade », le sénateur et ex-chef rebelle de la République démocratique du Congo a nié le jour- même toute responsabilité dans ces crimes et affirmé qu'il avait à l'époque lui-même appelé l'ONU à une enquête.