Mission C?est elle qui se chargea du ravitaillement ? vêtements et nourriture ? des moudjahidine. Qui se souvient aujourd?hui de cette héroïne de la commune de Bouzguène, une mère courage qui a tout donné durant la Révolution ? Il s'agit de Mme Ouardia Azzi épouse Métouchi, dont le nom de guerre était Na Ouardia Ath Youcef. Cette dame au grand c?ur a été arrêtée, selon des témoins encore vivants, à plusieurs reprises. A sa dernière arrestation, elle fut envoyée dans un camp, au village Taourirt, et condamnée à mort ; elle fut graciée en 1958 par le général de Gaulle. Avant cela, cette héroïne anonyme avait été torturée et exilée de son village natal de Takoucht. Grâce à son dévouement, à son courage surtout, les moudjahidine étaient régulièrement ravitaillés (effets vestimentaires et produits alimentaires). Un jour, dans le village d?Ath Ikhlef, Krim Belkacem s'est exclamé : «Quel est cet homme plein de courage et d'abnégation qui a risqué sa vie pour nous ravitailler ?» «C'est une femme», lui a-t-on répondu. Admiratif devant cet exploit, Krim Belkacem a rédigé une lettre dans laquelle il faisait la recommandation suivante : «Si Dieu me prête vie après l'indépendance, cette femme bénéficiera de tous les avantages d'un guerrier qui a sacrifié sa vie. Si je meurs avant, cette lettre restera un témoignage du travail colossal qu'elle a accompli.» Malheureusement, cette lettre, à cause des multiples perquisitions effectuées par la soldatesque française, et par précaution, a été déchirée. Les moudjahidine de la région connaissent les exploits de Na Ouardia Ath Youcef. A dos de cheval ou sur son dos, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, elle traversait la Wilaya III d'est en ouest et du nord au sud, durant des semaines entières, pour approvisionner les moudjahidine. Parfois, elle traversait sept guérites, de Michelet à Akfadou, en déjouant la vigilance de l'ennemi. Au début de la Révolution, son village natal dans la commune de Bouzeguène a été rasé ; bravant la mort, elle a eu le courage d?enterrer dix corps, avec l'aide d'un villageois. Pour mener à bien sa tâche, cette dame courage laisse ses trois enfants chez une tante paternelle. Au déclenchement de la Révolution, elle est partie de Taourirt pour travailler avec le chef du village, Yahiaoui Ali, sans l'accord de son époux, qui l?a répudiée. Après cela, les moudjahidine l'ont ramenée à Ait Ikhlef, le village de son mari, l'obligeant à la garder pour occuper la fonction de passeuse de marchandises. Actuellement, notre héroïne est grabataire. A 85 ans, elle souffre de troubles de ses facultés intellectuelles. Avec ce lot de revers et une abnégation sans faille, Na Ouardia a été lésée dans ses droits de pension d'invalidité. Elle répète sans cesse que sa récompense est auprès de Dieu. Cette dame courage mérite bien une médaille et une attention particulière.